La Seine-et-Marne est considérée comme le “poumon vert” de l'Île-de-France. Est-ce toujours le cas ?
Oui indéniablement, même si l'urbanisation progresse à l'ouest. Ce département, ce sont 14 000 hectares de forêts, 4 400 km de cours d'eau, de nombreuses réserves de biodiversité et, surtout, une grande diversité paysagère et géologique. L'affluence observée ces derniers dimanches autour du massif de Fontainebleau en est la preuve vivante !
Comment pourriez-vous résumer le rôle de Seine-et-Marne Environnement ?
Nous sommes l'agence départementale de sensibilisation à l'environnement. Nous travaillons à l'accompagnement du territoire dans la transition écologique et énergétique. Pour cela, nous intervenons auprès de tous les publics. Notre message s'adresse à tout le monde : écoles, entreprises, particuliers et collectivités.
L'une de vos missions concerne la transition énergétique. Comment cela se traduit-il ?
Notre agence offre un service concret aux collectivités en accompagnant les particuliers dans la rénovation énergétique de leur habitation. Grâce à nos services répartis dans neuf intercommunalités, nous facilitons le passage à l'acte des ménages pour agir en faveur de l'amélioration de la performance énergétique de leur logement et de leur confort de vie. Nous aidons aussi les collectivités à établir leur plan climat-air-énergie territorial (PCAET) et nous conseillons les entreprises. Nous travaillons aussi avec des partenaires tels que le Syndicat départemental des énergies de Seine-et-Marne (SDESM) et nous sommes en cours de conventionnement avec la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) et la Chambre de métiers et de l'artisanat (CMA).
Vous tentez des expérimentations dans un lotissement des années soixante-dix à Pontault-Combault et bientôt à Noisiel. De quoi s'agit-il ?
À Pontault-Combault, c'est un projet de rénovation énergétique de 36 habitations. Notre démarchage, notre sensibilisation et l'accompagnement pour le choix des entreprises pour mener les travaux ont permis de susciter la confiance des habitants et leur volonté de suivre la même démarche pour leur logement. À Noisiel, nous souhaitons aller plus loin en agissant sur la requalification architecturale du patrimoine, en testant la préfabrication avec des matériaux biosourcés et, si possible, la production d'énergie renouvelable mutualisée. Mais ce sont les habitants qui choisiront.
La transition écologique constitue l'autre volet de votre action. Quelles en sont les grandes lignes ?
Nous partons de plus loin, même si nous rattrapons rapidement le retard. Depuis plus de dix ans maintenant et avec l'appui de l'Agence de l'eau Seine-Normandie (AESN) et du Département, nous appuyons les collectivités dans la préservation de leurs zones humides. Ces milieux naturels ont été longtemps malmenés, mais aujourd'hui, on se rend compte des nombreux services écosystémiques qu'ils rendaient. Nous allons plus loin en invitant les communes à acheter des milieux humides et à les ‘'renaturer'' avec une perspective d'ouverture au public et de valorisation pédagogique. Une fois ces travaux réalisés, les habitants et les communes voient tout l'intérêt pour la biodiversité, mais aussi pour la gestion des crues et la filtration des eaux. Nous avons étendu cette mission au champ naturel d'expansion des crues, qui est un enjeu majeur en Île-de-France. Dernièrement, nous avons été sollicités pour accompagner les communes dans des Atlas de la biodiversité communaux (ABC). Le but est de sensibiliser et d'impliquer tous les publics. Il faut découvrir cette biodiversité, afin de mieux la prendre en compte dans les politiques publiques et la gestion communale.
La crise sanitaire actuelle n'accélère-t-elle pas une prise de conscience écologique ?
Elle y contribue pleinement. On réduit ses déplacements contraints, on prend conscience de la mauvaise isolation de son habitation et on attache plus d'attention à son environnement direct. Tout cela permet de se réapproprier la biodiversité locale.
Justement, la préservation de la biodiversité est devenue vitale. Sa possible disparition ne risque-t-elle pas d'être un facteur aggravant de futures pandémies ?
Sans aucun doute. La biodiversité est au cœur de notre espace vital sans que nous en ayons nécessairement conscience. On le voit à tous les niveaux : des espèces disparaissent ou ne peuvent plus se déplacer, les écosystèmes sont bouleversés et déséquilibrés. La déforestation, l'étalement urbain et l'exploitation des ressources font que l'être humain se rapproche de plus en plus des milieux naturels et sauvages et entre ainsi en contact avec des espèces qu'il n'aurait jamais dû rencontrer. Tout cela favorise la transmission de virus ou de bactéries, qui vont directement nous impacter en modifiant notre environnement. Or, les scientifiques ont largement démontré que tout cela s'atténue si l'on cherche à rééquilibrer les écosystèmes. Il n'y a pas de bonnes et de mauvaises espèces, mais tout déséquilibre peut engendrer des bouleversements. Il est urgent de revoir notre manière de cohabiter avec les écosystèmes pour permettre à la nature de retrouver son équilibre.
Estimez-vous, aujourd'hui, que votre travail de sensibilisation est en train de payer ?
Le fait que le changement climatique et la biodiversité soient devenus, aujourd'hui, des préoccupations majeures est déjà une véritable avancée. On peut donc considérer que notre travail trouve un écho de plus en plus important. Il y a également la notion d'exemple : ce que l'on fait avec une commune nous permet de la valoriser auprès d'autres.
L'éducation à l'environnement auprès des jeunes publics demeure donc plus que jamais une priorité ?
Elle a toujours été l'une de nos missions fondamentales, mais on peut se demander si les leçons ont été retenues, quand on voit comment notre monde a évolué. Comme un vaccin, l'éducation nécessite des piqûres de rappel régulières et c'est la répétition qui empêchera finalement de dire ‘'je ne savais pas''. Nous consacrons d'autant plus de temps à cette éducation des plus jeunes lorsque ceux-ci sont portés par des enseignants motivés.
Quels sont vos projets pour cette année ?
Nous allons essayer de fêter dignement nos 30 ans. Quant à nos projets, ils sont toujours très nombreux : le déploiement du Service unique de la rénovation énergétique (SURE) dans les collectivités, les Atlas de la biodiversité communale (ABC), la restauration de zones humides et la création d'outils de sensibilisation aux énergies renouvelables et aux matériaux d'isolation biosourcés. Enfin, la rénovation groupée à Noisiel doit devenir un exemple à suivre.
Avec sa campagne « Vélo en Grand », le Département a décidé de promouvoir les mobilités douces. Qu'en pensez-vous ?
Le vélo fait son grand retour. Comme dans beaucoup d'autres domaines, on a vite oublié des choses simples, mais pourtant efficaces et qu'il suffisait de faire évoluer. Le vélo en est un exemple symbolique. En ajoutant une assistance électrique, on a permis à beaucoup de personnes de redécouvrir ce mode de déplacement. Le Département accompagne très bien cette“vélorution” à travers son Plan vélo. L'objectif est de mailler l'ensemble du territoire en pistes et itinéraires cyclables pour les déplacements du quotidien et les loisirs.