« Après les tilleuls en 2014, les statues en 2016, c'est le tour des pendules en 2017. Avec leurs carillons, elles participent à la vie de ce lieu habité. Rendre le domaine vivant est une de nos priorités », relate Alexandre de Vogüe, l'un des cinq propriétaires. En effet, pour des dons de 2 000 à 8 000 euros, les douze pendules ornant les salons d'apparat ont été adoptées par neuf personnes en moins de deux mois.
Honneur et responsabilité
Elles sont en cours de restauration à Caluire, par groupe de quatre, dans l'atelier de l'horloger de la Croix-Rousse, François Simon-Fustier, spécialiste de l'horlogerie ancienne. La rencontre de l'horloger lyonnais avec la famille de Vogüe date de 2002, à l'occasion du salon international du patrimoine culturel au carrousel du Louvre. Le premier contact est un peu surprenant mais très vite des liens de confiance se créent entre le châtelain et l'artisan qui devient le réparateur officiel de la grande horloge et des pendules. Un honneur et une responsabilité pour François Simon-Fustier. « Toutes les pendules sont de très belles pièces de mobilier signées par des grands maîtres. »
De 29 cm pour la plus petite, la capucine en marqueterie et laiton, à la plus grande de 90 cm de hauteur, la tête de poupée en écailles de tortue, les pendules datent du XVIIe, XVIIIe ou XIXe siècle. « Notre travail est de démonter, nettoyer, rétablir les roulements, redonner au métal son aspect d'origine, faire fonctionner de nouveau les pendules et leurs carillons, au sein de l'atelier mais surtout dans les pièces du château où elles retrouveront leur place initiale. Nous formons alors le personnel du château pour qu'il sache les remonter régulièrement et les remettre à l'heure. Les balanciers seront remis en route par les mécènes dont le nom figurera sur le cartel de chaque pendule adoptée. » Commencée en mars, la restauration des douze pendules sera achevée définitivement en septembre. Elles retrouveront leur place initiale dans le château dont le cœur battra avec exactitude au rythme ponctuel d'une nouvelle époque.
Pour réparer la grande horloge qui ne sonne plus, 30 000 euros sont nécessaires. Une campagne de financement participatif orchestrée par une plateforme digitale de crowdfunding Dartagnans a été lancée le 10 avril. Cette collecte permettra également la réalisation, par l'atelier de François Simon-Fustier, de la modélisation du mécanisme de l'horloge en 3D. L'horloger de la Croix-Rousse a ainsi imaginé, par le biais d'un logiciel, comment reproduire à l'identique les pièces anciennes et vérifier leur fonctionnement avant toute intervention. « Les fabricants suisses l'utilisent pour le développement de la montre. Mais il n'existe pas d'autre atelier au monde avec notre niveau d'horlogerie ancienne qui double la restauration avec la modélisation 3D. C'est un formidable outil de préservation et de transmission de notre savoir-faire. » Au cours d'une conférence, qui aura lieu le 24 juin, lors du retour de l'horloge centrale, François Simon-Fustier révélera aux donateurs, les secrets de cet illustre mécanisme qui marque le temps.
En chiffres
> 3 784 320 000 secondes marquées depuis 1890, > 40 kg de mécanisme, > 15 m de longueur de câbles, > 1 support en bois, la chaise, > 2 rouages : l'un commande les marteaux des cloches, l'autre le mouvement qui transmet l'information horaire aux aiguilles