Selon vous, quelle est la particularité de la Digitale Académie par rapport aux structures existantes ?
Cette académie est accessible aux non-bacheliers, ce qui est relativement rare dans les structures d'enseignement supérieur. Le Conseil régional fait beaucoup pour promouvoir le DAEU, diplôme de la deuxième chance qui permet de reprendre les études lorsqu'on n'a pas passé le bac et d'accéder aux études supérieures. En 2017, il n'y avait que 300 DAEU sur toute l'Ile-de-France et nous avons tout fait pour que cela se développe. En 2018 il y en a 900, et pas mal d'étudiants de la Digitale Académie suivent cette formation. Nous soutenons activement ce dispositif qui est un très beau diplôme qu'on peut passer tout au long de sa vie.
Comment la région a-t-elle contribué à la mise en place de la Digitale Académie ?
Cette première Digitale Académie située à Montereau est un formidable succès auquel la Région a participé avec un financement de l'ordre de 250 000 euros d'aides en 2018. Elle est née à l'initiative d'Yves Jego et entend organiser une site d'enseignement supérieur à distance tout à fait innovant et fondé sur le numérique. C'est déjà un succès et nous avons décidé de la dupliquer. Nous avons un certain nombre de villes candidates, comme Garges-les-Gonesse, Chanteloup-les-Vignes, Trappes et Conflans-Saint-Honorine. L'idée est donc de créer des campus en lien avec les lycées, pour permettre à des jeunes qui ont envie de se remettre aux études, de les poursuivre dans des conditions optimales et sereines.
Quelques mots sur les perspectives régionales en matière d'enseignement supérieur ?
Il n‘y a pas assez d'enseignement supérieur dans ce département. L'université de Marne La Vallée est inaccessible pour une majorité de Seine-et-Marnais, notamment à cause des problèmes de transport. On ne peut pas demander à des jeunes qui n'ont pas forcément les moyens d'investir dans un véhicule pour se rendre sur leur lieu d'étude et cela conduit au décrochage de beaucoup d'étudiants : 50 % après le BAC, alors que 80 % des Parisiens poursuivent leurs études. Nous devons développer un enseignement de proximité pour palier à cela, cela signifie par exemple de développer des BTS, entre autres celui d'informatique ou d'action commerciale, surtout au vu de l'intensité des besoins dans ces secteurs ou ceux du tourisme.
Quels éléments vous ont marqué lors de cette visite à la Digitale Académie ?
Ce qui fait la différence à mon sens, c'est le coaching. Il faut beaucoup de volonté pour mener à bien un diplôme à distance. Lorsqu'on est ici, il y a une surveillance de la présence, un accompagnement sur le contenu des cours et un esprit de corps qui font la particularité de ce lieu. On entend déjà les jeunes parler de “la Digitale”, comme d'une marque déposée.
Y a-t-il des initiatives équivalentes appuyées par la Région, qui concourent à l'employabilité des jeunes ?
Nous avons développé la plateforme “Oriane.Info” dont je suis très fière. Il s'agit d'une application téléchargeable indiquant aux lycéens, étudiants, salariés et employés quels sont les secteurs d'activité et les entreprises qui recrutent près de chez eux et quelle est la bonne formation pour avoir accès à ces emplois. Cela fonctionne par bassin d'emplois. Les sites d'orientation nationaux peuvent vous envoyer à l'autre bout du territoire même si ce n'est ni plausible ni réaliste.
En mai, nous allons également lancer une application très ludique baptisée “Kioz” qui permettra de renforcer l'apprentissage des langues – anglais, espagnol, allemand. Les moyens utilisés seront très ludiques, avec des quiz, des séries, des méthodes d'auto-évaluation... Les start-up qui l'ont créé déclarent qu'on peut s'améliorer seul, grâce à cet outil.