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Transfair : transmission réussie

Transfair, ou les rencontres de la transmission d'entreprise. Repreneurs et cédants ont pu s'entretenir toute une journée au Palais Brongniart à Paris avec experts-comptables, avocats, et autres notaires. Bref, la « dream team » pour une transmission réussie.
Pierre-Olivier Sur, Stéphane Cohen, Pascal chassaing, Jean-Luc Flabeau et Jean Bouquot
AP - Pierre-Olivier Sur, Stéphane Cohen, Pascal chassaing, Jean-Luc Flabeau et Jean Bouquot

Économie Publié le ,

« Dans la transmission, chacun apporte sa pierre à l’édifice », affirme Stéphane Cohen, le président de l’Ordre des experts-comptables de Paris - Ile-de-France. Sur la scène du Grand auditorium de la Bourse, il est entouré du batônnier de Paris, Pierre-Olivier Sur, du premier vice-président de la chambre des notaires de Paris, Pascal Chassaing, et des commissaires aux comptes Jean-Luc Flabeau et Jean Bouquot, présidents respectifs du CRCC de Paris et Versailles.

Les professionnels du droit et du chiffre réunis autour d’une même cause, la transmission d’entreprise. « La transmission, c’est assurer l’immortalité d’une société. Cela nécessite de solides compétences techniques doublées d’un accompagnement efficace et humain », affirme Pierre-Olivier Sur, le bâtonnier de Paris. « D’une manière plus générale, je suis persuadé que nous arriverons à travailler de façon plus étroite ; les réformes de la loi Macron nous y encouragent. J’en suis convaincu, c’est ensemble que nous rendrons un meilleur service à nos clients entrepreneurs. »

Après les tensions suscitées par la réforme des professions réglementées, c’était l’occasion pour ces professionnels d’afficher leur volonté de travailler ensemble.

« C’est bien sûr déjà le cas dans la pratique », rappelle Philippe Arraou, président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables. « A terme, nous travaillerons au sein des mêmes structures. »

La transmission d’entreprise est un enjeu majeur de notre économie. Chaque année 8 000 entreprises disparaissent en France, faute de repreneurs.

Côté repreneurs, justement, Yohan Hebert, fondateur et dirigeant de Netapsys, une société fondée en 2004, estime que « la croissance externe doit être un moyen et non pas une fin. Lorsqu’on réalise une acquisition, on achète l’avenir, pas le passé. » D’après le jeune entrepreneur, les enjeux liés à ce type d’opération sont nombreux.

« Il faut une adéquation entre les deux structures, on intègre des équipes, des hommes et des femmes, il ne faut pas prendre cela à la légère. » Jean-Luc Scemama, le président de Transmission et Conseil, rejoint le jeune patron de Natepsys : « Je n’ai jamais eu de mal à trouver des financements pour des projets intéressants. » Au-delà de l’audit financier et social, « c’est l’audit du projet qui compte le plus ». D’après lui, « ce sont les différences de cultures d’entreprise, de petites différences dans le savoir-faire qui mettent le petit grain de sable dans l’opération. » Jean-Luc Scemama se veut prudent, « croître pour croître, ce n’est pas la solution, des fondamentaux sains sont nécessaires. »

Philippe Dessertine, économiste et professeur en science de gestion, tente d’expliquer le besoin de croissance externe des entreprises comme Natapsys.

« Les grosses entreprises sont trop importantes pour innover. Aujourd’hui l’innovation se fait dans les petites PME qui ensuite se font racheter par les gros acteurs du marché ». Exemple, Instagram et Whatsapp ont été rachetés par Facebook, alors qu’elles ne comptaient qu’une poignée de salariés. « Nous sommes en pleine mutation, l’avenir appartient aux entreprises de la nouvelle vague, nous ne retournerons jamais vers le modèle ante-crise économique. Les leviers de croissance sont extraordinaires », assure Philippe Dessertine.

Cette nouvelle vague, Didier Riahi en est une des incarnations. En 1998, il monte sa première entreprise, un site d’e-commerce, qu’il cède en 2007. Depuis, il a racheté « Juste à temps », une société qui livre la « Google attitude » (livraisons de billards, babyfoots, corbeilles de fruits, etc.), dans ses « gros camions rouges » aux entreprises soucieuses de l’épanouissement de leurs salariés. Il ne s’en cache pas, l’optimisation de sa plus-value est primordiale, mais il a toujours veillé à effectuer des cessions « industrielles ». « J’ai cédé ma première entreprise à 36 ans, non pas à un fonds d’investissement, mais à un véritable repreneur, qui avait une vision pour cette entreprise. »

« Vous voyez », s’exclame Fabrice Pesin aux autres intervenants. « Il y a une accélération du temps, les profils des cédants évoluent, les patrimoines aussi. » Les jeunes quadras Yohan Hebert et Didier Riahi ont déjà cédé et repris plusieurs entreprises, alors que l’étude Elabe montre que le profil type du cédant est un quinquagénaire proche de la retraite. « Dans dix ans, lorsque nous serons à nouveau réunis, beaucoup de choses auront changé », promet Fabrice Pesin.

Des changements au niveau du profil des entrepreneurs mais aussi du contexte fiscal. « Nous sommes tous d’accord pour dire que la pression des impôts est toujours trop élevée », affirme Fabrice Pesin. « En revanche, le législateur a agi de manière intelligente ces dernières années et nous allons dans le bon sens. » Le médiateur du crédit fait référence au système de report d’imposition, qui permet aux entrepreneurs qui réinvestissent leurs plus-values dans une nouvelle entreprise, de bénéficier d’un crédit d’impôt.

« Pour connaître tous ces mécanismes, une équipe interprofessionnelle est vitale », assure Didier Riahi, « les lois évoluent sans cesse, d’un mois à l’autre, on a le sentiment parfois de courir après l’information. » D’où la nécessité pour le dirigeant de bénéficier d’un soutien commun de ses conseils. Joêlle Lasry, avocate au barreau de Paris approuve : « Une cession d’entreprise se manage comme l’entreprise se manage au quotidien. Plus on anticipe, plus la situation sera transparente, donc la démarche de transmission facilitée. »

« Dans la position de cédant, l’entreprise qu’on a fondée est passée sous IRM. On est sur la brèche et les semaines sont chargées en adrénaline. » A l’inverse, dans la position d’acquéreur, « on a peur de découvrir des cadavres dans le placard. » La garantie la plus importante à donner aux potentiels acquéreurs, « c’est la responsabilité de l’équipe qui accompagne le dirigeant. »

2e table ronde: l'accompagnement du cédant dans le cadre de la transmission

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