« C'est la première fois qu'un président du Conseil départemental fait le déplacement », s'est exclamé Franck Vernin (photo ci-dessous), président de Seine-et-Marne Tourisme, lors de la présentation du bilan touristique estival de Seine-et-Marne.
Il faut dire que la publication par le Comité régional du tourisme (CRT) d'Ile-de-France de l'activité touristique de ce début d'année 2016 (réalisée mardi dernier) a confirmé les inquiétudes des acteurs de la filière, qui anticipaient une chute de la fréquentation touristique pour ce premier semestre. Le président du département, Jean-Jacques Barbaux, se devait donc d'assister à la conférence, afin d'apporter tout son soutien aux professionnels du secteur, mais aussi trouver des solutions pour redynamiser le tourisme seine-et-marnais.
En effet, malgré un contexte morose, la Seine-et-Marne a su « tirer son épingle du jeu », comme l'a souligné Jean-Jacques Barbaux.
Ainsi, les hôtels franciliens ont perdu 6,4% de touristes, contre 4% pour les professionnels seine-et-marnais. De même, les nuitées étrangères ont été réduites de 10 % en Ile-de-France, contre seulement 2,8% en Seine-et-Marne.
Le président du département a notamment précisé que « les flux touristiques se déplacent de Paris en Seine-et-Marne », du fait d' « un effet d'évitement » de la capitale, comme l'a qualifié ainsi le CRT. Ce à quoi il faut rajouter qu'une telle baisse de la fréquentation touristique en Ile-de-France n'était pas arrivée depuis 2010. En effet, les hôteliers franciliens ont perdu plus d'un million de réservations hôtelières par rapport à l'année 2015.
La Seine-et-Marne a su limiter les dégâts, bien qu'ayant fortement souffert des inondations du mois de juin, et sans non plus avoir pu profiter de l'Euro de football, qui a surtout bénéficié à la capitale et sa petite couronne.
Des résultats mitigés
Si l'ensemble de la filière affiche une baisse du nombre de touristes, certains secteurs ont tout de même réussi à augmenter leur fréquentation.
Le taux d'occupation moyen de l'hôtellerie traditionnelle a baissé de 6 points par rapport à 2015, alors que le taux d'occupation moyen des Gîtes de France a lui augmenté de 4 points (61%). Le château de Vaux-le-Vicomte a quant à lui reçu +7% de touristes en juillet, et le château de Blandy-les-Tours a connu une augmentation de sa fréquentation de 50%.
Jean-Jacques Barbaux (photo-ci-contre) loue ici une forte attractivité et un fort potentiel de la Seine-et-Marne, et encourage le département à poursuivre ses efforts auprès des nationalités étrangères à fort pouvoir d'achat (Russes, Américains, Japonais ou Chinois). Mais l'élu insiste également sur les clientèles plus proches de l'Ile-de-France et de Seine-et-Marne; cette dernière ne « connaissant pas les richesses historiques et patrimoniales » de son propre département. Il s'agit, pour Jean-Jacques Barbaux, de rester « attentif au désir des visiteurs de se mettre au vert, au calme, avec un sentiment de sécurité ».
Ces chiffres sont à opposer à la baisse relative (-3%) du nombre de visites au château de Fontainebleau, et à celle plus forte du château de Champs-sur-Marne (-12,8%) sur la période des mois de janvier à juin. Le parc Disneyland Paris a quant à lui perdu 11% de ses visiteurs. Reste que ces chiffres sont bien moins alarmants que ceux du reste de l'Ile-de-France, où certains monuments affichent une baisse de 16,3% (domaine de Versailles), de 34,8% (Arc de triomphe) ou encore de 43,9% (Grand palais) par rapport au 1er semestre 2015.
D'autres acteurs du tourisme seine-et-marnais ont réussi à augmenter leurs visites : l'Ile de loisirs de Jablines-Annet, avec +22% par rapport à 2015, ou encore Le Parc des Félins, qui a réalisé les « meilleurs chiffres depuis son ouverture » selon Jean-Jacques Barbaux, avec +4% de fréquentation.
De même, les professionnels restent optimistes pour la fin de l'été, et tablent sur un inversement de la tendance actuelle, selon Seine-et-Marne Tourisme. 40% d'entre eux jugent « bonne » l'activité d'avril à juillet, 37% la trouvent moyenne, et 23% estiment qu'elle est « mauvaise ». 58% pensent qu'elle est en baisse par rapport à 2015 sur la même période (selon l'observatoire de SMT et la CCI, enquête réalisée auprès de 200 professionnels de la filière d'avril à juillet 2016).
Après le bilan, les solutions
Jean-Jacques Barbaux a annoncé plusieurs mesures destinées à palier cette réduction de la fréquentation. Le président du département a d'abord évoqué un « plan mobilité », facilité par sa position au sein du STIF (vice-présidence). Il s'agira de développer des transports dédiés à la demande et de créer de nouvelles lignes « Seine-et-Marne Express ».
L'élu a ensuite évoqué la réalisation du « livre blanc de Seine-et-Marne », qui vise à mieux faire connaître le département. Jean-Jacques Barbaux s'étant rendu compte que « l'on a énormément de mal à avoir une vision globale de la Seine-et-Marne, de présenter ses atouts et ses richesses ». Ce livre blanc sera l'occasion dans le même temps de « dégager des axes visionnaires pour agir avec l'Etat, la région, les chambres consulaires et les entreprises ». Un rendez-vous mensuel est d'ailleurs organisé avec la CCI, la chambre de métiers et de l'artisanat, et la chambre de l'agriculture.
De même, Jean-Jacques Barbaux a annoncé la tenue de réunions territoriale afin de « dégager plus précisément cette vision stratégique commune », surtout dans un contexte qu'il qualifie de « disette budgétaire ».
Le président du Conseil départemental a également rappelé la nécessité pour les collectivités de « mutualiser », de manière à « rester proactif avec moins d'argent », afin de « penser collectif plus que jamais, avec les collectivités territoriales, la région, les chambres de commerce ». L'élu LR a rappelé qu'il avait dans ce même cadre été l'initiateur de l'association « Grande couronne capitale », qui réunit les départements du Val-d'Oise, de l'Essonne, des Yvelines et de Seine-et-Marne, avec pour objectif de « peser » en Ile-de-France, grâce à une population réunissant cinq millions six cents mille personnes sur les douze millions que compte la région.
Enfin, Jean-Jacques Barbaux a rappelé qu'il fallait « innover, sortir des sentiers battus et s'adapter aux nouvelles populations, aux nouvelles technologies ». Et ce, en revisitant l'offre de formation afin de répondre aux besoins de la filière touristique, et en agissant avec l'Etat au niveau de la signalétique (par la création de nouveaux labels).
L'élu a conclu en rappelant l'importance de la filière, tant sur le plan économique que concernant l'image du département. En effet, pour Jean-Jacques Barbaux, le tourisme reste un secteur « d'avenir, créateur de richesse et d'emplois non délocalisables ».