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Région Ile-de-France : les candidats face aux patrons

Récemment, les candidats à la présidence de la région Île-de-France ont eu l'occasion d'en découdre au cours d'un débat intitulé, «Quelle région pour les entreprises», animé par le journaliste Yves Thréard. Un échange qui promettait de belles passes d'armes. Les débats ont duré presque trois heures, au cours desquelles chacun a prêché pour sa paroisse. En revanche, l'éditorialiste du Figaro a passé une soirée tranquille, nos politiques sont restés plutôt sages.
Région Ile-de-France : les candidats face aux patrons
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Bien alignés, de gauche à droite, comme sur l’échiquier politique. Tous les candidats, ou presque, à la présidence de la région Île-de-France étaient présents au siège du Medef à Paris.

« Je ne suis pas venue pour gagner des voix » Nathalie Artaud

A-t-il eu peur de ne pas convaincre ? En effet, le public présent rue du débarcadère n’est pas connu pour sa sympathie envers le parti socialiste. Du patron de TPE à celui du groupe Dassault, l’immense majorité d’entre eux accordera sans nul doute son vote à Valérie Pécresse, candidate des Républicains. « Vous êtes sur la bonne voie », lui ont d’ailleurs dit plusieurs d’entre eux. À l’inverse, Nathalie Artaud s’est attirée, sans trop de mal, les foudres des dirigeants d’entreprise.

« Je ne suis pas venu ici pour obtenir des voix », déclare-t-elle d’entrée de jeu. « Tentez votre chance », lui propose Yves Thréard. Une boutade pour détendre l’atmosphère, les chefs d’entreprise rient de bon cœur. Mais Nathalie Artaud reprend vite son discours militant. « Si les dirigeants socialistes ont pris l’habitude de déclarer leur flamme à l’entreprise, je vous rassure, ce n’est pas le cas chez Lutte Ouvrière. » Selon l’agrégée d’économie, « l’intérêt des entreprises se confond avec celui des actionnaires, rarement avec celui des salariés ». D'après Nathalie Artaud, la politique voulue par le patronat est déjà appliquée depuis longtemps et « ne fonctionne pas ». « Malgré votre envie de créer des emplois, vous ne le faites pas. »

Quant au Grand Paris, Nathalie Artaud provoque des rires jaunes, en affirmant que c’est au patronat de financer les travaux. « Il s’agit de ramener vos salariés sur leur lieu de travail, donc c’est à vous de payer. » Après le débat, la leader de Lutte Ouvrière a déclaré : « Nos points de vue sont irréconciliables, mais je réponds aux invitations car je ne me dérobe jamais. » d’aucun y verra une pique à l’adresse de Claude Bartolone.

Emmanuelle Cosse prend alors le micro. La présidente D’EELV, capitaine du Titanic écolo constate la baisse de l’attractivité francilienne. « Être attractif pour les entreprises, c’est important, mais cela ne doit pas se faire au détriment des habitants », prévient-elle. Emmanuelle Cosse plaide en faveur d’une relance de l’économie par l’écologie, « pour les grandes entreprises mais surtout pour les PME et les artisans. » Son discours ne suscite guère d’enthousiasme dans le public.


« Ce n’est pas la fin du Grand Paris, mais sa réorientation. » Nicolas Dupont-Aignan

Avec Nicolas Dupont-Aignan, le débat autour de l’avenir des entreprises en Île-de-France, dérive vers celui des transports, donc du Grand Paris. « C’est incroyable, s’exclame-t-il, nous sommes une des régions les plus riches d’Europe, pourtant la qualité de vie est une des plus faibles parmi les grandes métropoles. » D’après lui, il faut réorienter totalement les dépenses et les recettes de la région. « Mais faire le ménage dans les crédits et les subventions est loin d’être suffisant. Il est vital de regrouper certains organismes, fusionner enfin le STIF, la RATP et la Société du Grand Paris. » D’ailleurs, Nicolas Dupond-Aignan ne mâche pas ses mots concernant « ce projet absurde, pharaonique et qui plus est, non financé. » Il souhaite plutôt allouer les dépenses à la rénovation de l’existant. « Cela n’est pas la fin du Grand Paris, mais une réorientation du projet. »

François Kalfon, qui a remplacé Claude Bartolone au pied levé, prend le micro et recadre le leader de Debout la France dans la foulée. « Il est nécessaire et financé contrairement à ce que prétend Monsieur Dupont-Aignan », assure la « doublure » de Claude Bartolone.

« Je ne veux pas qu’on fasse de L’Île-de-France bashing » François Kalfon

« Cependant, le coût ne peut être davantage supporté par les ménages et les entreprises, il faut trouver d’autres solutions fiscales. » Parmi ces solutions, il propose de « faire payer » les entreprises de transports dont les camions bloquent quotidiennement le réseau routier qu’ils empruntent gratuitement.
Mais François Kalfon tient à revenir aux entreprises. « Il existe des secteurs comme celui de l’aéronautique qui ont besoin de main-d’œuvre, or nous ne formons pas assez de gens, alors que le filon est prometteur. Des opportunités existent, je ne veux pas qu’on fasse systématiquement de l’Île-de-France Bashing. »

Pierre Laurent, quant à lui, « ne veut pas prendre le débat par le petit bout de la lorgnette. » D’après le secrétaire national du PCF : « On ne peut pas prétendre tout régler avec quelques économies. » Par ailleurs, il soutient le Grand Paris, « la meilleure chose qu’il puisse arriver à la Région. » « Mais ce qui est vrai en matière de transport l’est aussi pour les logements, affirme-t-il. Il y a 500 000 logements à bâtir en Île-de-France, c’est un gisement économique extraordinaire, compte tenu des nouvelles normes de construction. »


« Je serai un président pro business » Valérie Pécresse

C’est au tour de Valérie Pécresse. La députée des Yvelines promet « une présidence pro business ». Si elle est élue, elle organisera une grande conférence sur l’attractivité économique. « Tous les acteurs devront se mettre autour de la table, patronat, Pouvoirs publics, syndicats et on rédigera une stratégie claire en quelques pages », promet la candidate LR. Elle envisage aussi de repenser le rôle du président de région à l’international : « Il doit être le VRP de sa région. C’est le cas en Allemagne, lorsque le président du länder se déplace, il emmène avec lui un certain nombre de chefs d’entreprise. »

Valérie Pécresse promet également « d’aller chercher l’argent là où il se trouve ». D’après elle, la Région ne réclame pas des centaines de milliers d’euros de crédits européens, pourtant disponibles. L’actuelle députée des Yvelines se vante d’être une des rares à avoir soutenu le Grand Paris dès 2010. « Ce projet est vital, notre réseau est saturé sur de nombreuses lignes de métros et sur les RER. Nous devons agir pour les usagers, et les entreprises pour lesquelles ils travaillent. » D’ailleurs elle n’oppose pas contrairement à Nicolas Dupont Aignan, la création de nouvelles lignes et la rénovation de l’existant. « J’ai un plan de financement, par crédit-bail ou par endettement », explique-t-elle. Son discours est largement applaudi.

L’ambiance redescend vite d’un cran lorsqu’Yves Thréard donne la parole à Wallerand de Saint-Just du Front national. Si son parti ne manque jamais l’occasion de critiquer Bruxelles, le trésorier du Front ne voit en revanche aucun inconvénient à prendre l’argent de l’Union européenne évoqué par Valérie Pécresse, « s’il existe. » Quant à son projet pour la région, il s’est contenté de promettre une baisse générale des dépenses. « On ne peut pas poursuivre cette course folle. » Il espère ainsi dégager quelques marges de manœuvre. Le Grand Paris ? « Nécessaire mais j’ai des doutes quant à la solidité du financement. »

Le débat s’achève par une courte séance de question-réponse. L’absence de Claude Bartolone fait jaser. Dans l’assistance une voix s’élève : « On aurait pourtant eu quelques questions à lui poser ».

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