Largement connue pour son catalogue aux plus de 17 000 références, cette entreprise créée par Louis Rabourdin en 1926 au cœur de Paris a longtemps dominé le marché français des éléments standards. Avec près de 500 salariés pour 50 millions d'euros de chiffre d'affaires, le Groupe Rabourdin connaît son apogée dans les années 1980-1990, rachetant ainsi ses concurrents français et allemands. « Lors de cette glorieuse période, tout allait pour le mieux. Mais deux phénomènes violents ont changé la donne : la mort de mon grand-père Guy Rabourdin, qui portait l'entreprise, et l'arrivée des moules chinois » témoigne Guillaume Rabourdin. Frappée de plein fouet par la concurrence puis par la crise, la présence des moulistes sur le territoire français va être divisée par quatre et ainsi passer de 2000 moulistes dans les années 1980 à 400 aujourd'hui.
Une reprise progressive
Au départ formé pour reprendre l'entreprise familiale, l'actuel président Guillaume Rabourdin y commencera sa carrière dans les années 1990, avant de prendre la direction Industrielle d'une entreprise spécialisée dans les graisses animales basée en Loire Atlantique. « Au bout de huit années, j'ai souhaité retourner dans la métallurgie domaine pour lequel j'ai été formé », continue-t-il. Reprenant des actifs en difficulté, Guillaume Rabourdin décidera de constituer un groupe dans la mécanique de précision, comprenant 400 salariés pour 34 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Puis, fort de cette expérience en reprise d'entreprises, il se résoudra dix ans plus tard à présenter, avec sa femme Juliette Rabourdin, un dossier au tribunal de commerce de Meaux pour reprendre l'entreprise familiale, alors au bord du gouffre. « Nous avons repris à la barre ce qu'il subsistait de l'entreprise, c'est-à-dire l'usine restante de Marne-la-Vallée, la marque, le catalogue et une partie des effectifs », témoigne le dirigeant, déplorant une gestion à l'abandon tant sur les plans industriel que commercial et humain.
Devant l'ampleur de la tâche à accomplir, les deux repreneurs se consacreront dans un premier temps à la reconstitution des stocks et au redéploiement de l'offre commerciale. « Notre fichier de 11 000 clients dormants a été réactivé, Rabourdin est référencé chez la quasi-totalité des industriels français et possède 4 500 clients actifs, ce qui est une grande force », précise Guillaume Rabourdin.
Le couple va ainsi s'atteler à la réorganisation de l'usine et de ses 300 machines sur quelque 12 500 m². « Nous avons reconstitué le stock pendant les deux premières années, pour le porter de 4 à 9 millions d'euros », ajoute Guillaume Rabourdin. À l'aide d'un emprunt de 3 millions d'euros, l'investissement sera également relancé. Puis, ce sera au tour du volet commerce d'être réamorcé par Juliette Rabourdin, ex-responsable commerciale chez Canon et justifiant de 10 années d'expérience dans le management et le commerce en B to B.
Une stratégie qui portera ses fruits la troisième année de reprise, l'entreprise atteignant 12 millions d'euros de chiffre d'affaires. « Cette fois, c'est parti, l'année prochaine nous prévoyons 13 millions d'euros de CA soit une croissance de 8 % », annonce avec soulagement le président de Rabourdin SAS. « Dès que je pense croissance externe, je sais que l'outil est sauvé. Les bases sont saines, nous maîtrisons bien tous les fondamentaux », poursuit le dirigeant.
Vers une « usine du futur »
En effet, grâce à un emprunt récent de 500 000 euros auprès de Lendix, BPI France et Crédit du Nord, Rabourdin SAS compte se lancer à la conquête du marché international. Le Portugal fait figure de première cible, où le développement d'une filiale Rabourdin International à Marinha Grande permettra de servir en direct ses clients. L'usine poursuivra également sa modernisation. « Nous avons commencé à nous automatiser avec le « 3.0 » et ses robots, alors que le « 4.0 » passe par la digitalisation de l'entreprise et notre ré-informatisation », indique-t-il, précisant que le système d'information est en refonte et sera couplé avec un e-shop courant 2018. « Nous avons espoir de reprendre notre place de leader, tout en gardant un positionnement premium, et une fabrication Made in France », conclut Guillaume Rabourdin.