Ce sont 2,4 milliards d’euros en faveur des établissements sanitaires et médicaux sociaux qui vont être pilotés par l’Agence régionale de santé d’Île-de-France. La déclinaison de cette stratégie en Seine-et-Marne va correspondre à une enveloppe globale d’un peu plus de 200 millions d’euros (200,6 millions d’euros exactement). Décryptage de cette manne financière bienvenue pour un système de santé ébranlé par la crise sanitaire.
Il aura donc fallu attendre la pandémie de Covid-19 pour que le Gouvernement et les autorités sanitaires se penchent sérieusement au chevet de la santé. Tout a commencé en juillet 2020 avec l’organisation du “Ségur de la santé”. L’ensemble des acteurs (professionnels, patients et institutionnels) s’est réuni autour d’une même table, afin d’identifier les principales pistes de modernisation, d’accélération et de transformation de notre système de santé. Au terme d’une concertation de plus de 50 jours, le gouvernement s’est alors engagé à le faire évoluer en profondeur en se fixant quatre priorités : transformer les métiers et revaloriser les soignants ; définir une nouvelle politique d’investissement et de financement au service de la qualité des soins ; simplifier les organisations et le quotidien des équipes médico-soignantes ; enfin, fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers.
Priorité aux territoires
Un an plus tard, le 12 juillet 2021, l’ARS Île-de-France a décidé de mettre en place un comité régional pour l’investissement en santé (CRIS). Déclinaison régionale du Conseil national de l’investissement en santé (CNIS), le CRIS Île-de-France est un dispositif de pilotage et de concertation impliquant les représentants du système de santé de la région. Co-présidé par Amélie Verdier, directrice générale de l’ARS Île-de-France, et Marc Guillaume, préfet de Paris, préfet d’Île-de-France, il associe les élus (conseil régional, conseils départementaux et communes), l’Assurance maladie, les représentants des établissements de santé et médico-sociaux, les professionnels libéraux, ainsi que les représentants de la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA).
Le mois dernier, les agences régionales de santé ont achevé d’élaborer leur stratégie qui sera appliquée dans les territoires pour la période 2021-2029. Ces territoires sont, en effet, au centre de l’analyse des besoins de santé et les projets proposés tendent à apporter une réponse globale à la fois sur les champs du sanitaire, du médico-social et de la santé mentale. « Le Gouvernement a fait le choix inédit de nous confier le pilotage concret de ce plan », explique Amélie Verdier, directrice générale de l’ARS Île-de-France.« Il s’agit d’une opportunité unique de répondre aux grands enjeux et aux priorités en matière d’accès aux soins au bénéfice de tous les Franciliens. »
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73 établissements concernés
En Seine-et-Marne, ce sont 73 établissements sanitaires et médico-sociaux qui vont donc bénéficier de ce plan d’investissement d’un montant total de
200,6 millions d’euros. L’ARS Île-de-France a notamment prévu 68,2 millions d’euros pour transformer les offres sanitaires (six projets retenus) et médico-
sociales en Ehpad (deux projets sélectionnés). Ainsi, le projet architectural du centre hospitalier Léon Binet, à Provins, qui modernise et restructure l’organisation des fonctions de l’établissement, bénéficiera d’une aide d’un peu plus de
22,6 millions d’euros. Cette modernisation va contribuer à l’attractivité de l’établissement et à la fidélisation des professionnels. La psychiatrie, secteur mis en avant par la crise sanitaire, fait aussi l’objet d’un soutien de plus de 10 millions d’euros. Dans ce domaine, l’ARS a décidé de soutenir trois projets immobiliers : le CH Sud 77 (Nemours), la clinique de Perreuse (Jouarre) et une future maison hospitalière (Savigny-le-Temple). Ces projets vont contribuer à rendre le territoire plus attirant pour des nouveaux professionnels, la psychiatrie, en Seine-et-Marne, étant réputée pour son manque d’attractivité. Par ailleurs, 129,3 millions d’euros seront consacrés à la restauration des marges financières des établissements de santé et 8,9 millions d’euros dédiés aux investissements du quotidien.
Trois axes stratégiques
Dans le département, comme pour toute l’Île-de-France, le soutien à la santé mentale, au grand âge et les premiers recours constituent les priorités aux yeux de l’ARS Île-de-France.
La santé mentale tout d’abord. Cet enjeu, déjà prégnant, a été renforcé par la crise sanitaire. Les Assises de la santé mentale, qui se sont déroulées en septembre dernier, ont été l’occasion de rappeler les enjeux que les projets d’investissement en psychiatrie doivent servir. Comme celui de la Seine-et-Marne, certains territoires franciliens sont peu équipés en infrastructures médicales, ou bien vieillissantes. Alors que la réforme du financement de la psychiatrie hospitalière est engagée, les infrastructures franciliennes sont à rénover et à moderniser, pour mieux répondre aux attentes des personnes concernées et des professionnels. Il faut ainsi développer les structures ambulatoires en santé mentale en promouvant l’innovation dans l’organisation des prises en charge, mieux prendre en compte les droits et les besoins des patients en hospitalisation complète et faciliter l’accès aux soins somatiques et psychiatriques.
En matière de grand âge, si l’Île-de-France dispose actuellement d’une population plus jeune que la moyenne nationale, le taux d’équipement en Ehpad y est inférieur. Il apparaît donc nécessaire de conforter les places existantes, notamment habilitées à l’aide sociale, tout en orientant une partie de l’accompagnement vers le soutien à domicile des personnes âgées. La prévention de la perte d’autonomie incite à proposer une diversité de solutions face aux enjeux de maintien d’une offre d’Ehpad habilitée à l’aide sociale, ainsi que l’humanisation (suppression des séjours en chambre double non choisis) des Ehpad et leur ouverture sur la ville.
Enfin, face au vieillissement de la population et au développement des maladies chroniques, la priorité est d’éviter les ruptures de parcours en santé en renforçant l’organisation du premier recours et l’accès aux soins primaires. À ce titre, le plan régional d’investissement doit faciliter la création et la rénovation de structures et d’hôpitaux de proximité ou axés sur l’ambulatoire, soutenir les professionnels de santé libéraux, assurer une réponse aux besoins en matière de soins non programmés et, enfin, renforcer les filières gériatriques.
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Près de 58 millions d’euros pour l’hôpital de Meaux
Parmi les 73 établissements sanitaires et médico-sociaux soutenus financièrement, on retrouve les principales structures hospitalières du département, comme le Grand hôpital de l’est francilien de Meaux. Le chantier d’extension et de modernisation de cet établissement a débuté en octobre dernier et s’achèvera en 2025 pour un coût de 170 millions d’euros. La contribution de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France va s’élever à 57 874 098 euros (2 820 548 euros d’aides à l’investissement du quotidien et 55 053 550 d’aides à la restauration des marges de financement). On retrouve ensuite le Groupe hospitalier du Sud Île-de-France de Melun (47 548 671 euros). Cet argent servira à la reconstruction d’un Ehpad (pôle d’activités et de soins adaptés, centre d’accueil de jour Alzheimer et unité de soins de longue durée). Enfin, suivent les établissements de Provins (22 692 988 euros) et de Fontainebleau (21 095 788 euros). Pour le centre hospitalier Léon Binet de Provins, il s’agit de diverses opérations d’extension et de modernisation du bâtiment (plateau technique notamment). Quant au centre hospitalier sud Seine-et-Marne de Fontainebleau, le projet prévoit la restructuration du bâtiment Séramy et la rénovation, à Nemours, du bâtiment dédié à la psychiatrique.