C'est un lieu que l'on pensait définitivement condamné à l'oubli mais qui revient hanter l'esprit des habitants de Courtry, aux confins de la Seine-et-Marne et de la Seine-Saint-Denis. Depuis que la société Placoplatre a rendu public son souhait d'exploiter le gypse contenu dans le sous-sol du site de l'ancien centre de recherche du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) – désir concrétisé par le rachat du site en 2010 – habitants, élus et associations n'ont eu de cesse d'alerter médias et Pouvoirs publics sur les risques de dispersion de matières radioactives et sur le danger pour l'environnement et la santé des riverains et des travailleurs.
Des inquiétudes confirmées par une campagne de mesures radiologiques, menée début 2014 par différents instituts spécialisés, qui avait révélé la présence de fragments d'uranium dans d'anciennes casemates. Face à la polémique, Placoplatre s'était engagé à améliorer son dispositif de dépollution avant d'entamer toute exploitation, et à soumettre le résultat de ses analyses à un comité de suivi constitué d'élus, d'associatifs, de représentants des services de l'État et d'experts.
Placoplatre veut repartir sur de bonnes bases
Une « démolition propre » à laquelle la filiale de Saint-Gobain fut obligée de s'astreindre mais qui fut subitement interrompue début 2016, après deux années de chantier. Du jour au lendemain, Placoplatre et la société Brunel Démolition cessèrent leur collaboration, alimentant les spéculations.
Si Placoplatre argua alors d'un simple différend commercial, certaines voix discordantes firent état de la découverte par le sous-traitant d'obus datant de la Seconde Guerre mondiale, confirmant les soupçons de plusieurs associations sur la pollution militaire d'un fort qui, rappelons-le, fut utilisé par les Allemands comme dépôt de munitions. En janvier 2017, bon an, mal an, les travaux ont repris. Gilles Bouchet, responsable du développement des carrières chez Placoplatre, assure qu'un bureau d'études a été chargé de piloter tout à la fois « les parties désamiantage, radiologie et dépollution des sols ».
Mais si les données fournies par le leader du plâtre sont jusqu'à présent jugées conformes aux seuils sanitaires par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), elles continuent de laisser perplexes les associations et les chercheurs de la Criirad, un laboratoire indépendant de contrôle de la radioactivité.