« Présenter Bussy-Saint-Georges est toujours un exercice innovant tant cette ville évolue d'un semestre sur l'autre.Entre 1985 et la perspective 2030 (45 ans), Bussy aura multiplié par 100 sa population. Quel autre territoire peut s'enorgueillir d'un tel dynamisme ? », s'est réjoui Yann Dubosc, maire de la ville et président du Conseil d'adiministration d'EpaMarne, lors de la visite de l'écoquartier du Sycomore et plus précisément de deux programmes, en présence du ministre du Logement, Julien Denormandie, et du directeur général de Marne-la-Vallée, Laurent Girometti. Après une brève présentation du territoire et de l'historique de l'aménageur EpaMarne, la délégation s'est rendue sur le chantier de deux programmes axés sur la construction bois.
Baptisé “Liv'In”, le premier ensemble visité par le ministre, est réalisé par Crédit Agricole Immobilier. Sur plus de 23 000 m² de terrain (plus de 70 % d'espaces non bâtis), 221 logements de construction mixte béton/bois sont prévus (logements collectifs allant du T1 au T5 dans des bâtiments en R+1 à R+3 et 44 maisons individuelles du T3 au T5). Avec 25 logements intermédiaires et 22 sociaux, le programme doit selon ses concepteurs « participer à la mixité sociale grâce à des loyers maîtrisés et à la palette des parcours résidentiels offerts ». Une attention particulière a été portée à l'intégration paysagère du programme, qui se caractérise également par sa gestion des eaux pluviales, la préservation de la biodiversité et l'absence de circulation de véhicules dans l'enceinte du programme (le parking est souterrain).
La livraison de la première tranche est prévue en septembre prochain et il faudra attendre le 2e trimestre 2020 pour la livraison de la seconde.
L'autre ensemble que le ministre du Logement a pu visiter est réalisé par Kaufman & Broad. Il se compose de 66 logements collectifs (du 2 au 4 pièces) et de 14 maisons individuelles. Le bois est « utilisé comme matériau fil rouge » dans la construction de ce programme. Le promoteur a fait appel au cabinet Opéra Architectes pour « décliner l'utilisation du bois dans chaque partie du projet » : des attiques en bois pour les 66 logements collectifs, répartis en 4 immeubles de 3 et 4 étages ; le “Panobloc“ (système composé de panneaux en bois préfabriqués et pré-isolés à assembler sur site pour composer la structure du bâti) pour 5 maisons individuelles ; l'ossature bois pour 9 maisons individuelles. Leur prix moyen au metre carré atteint 3 913 euros, avec une consommation d'énergie minimale (inférieure de 20 % aux plafonds de la RT 2012). L'une des ces maisons 100 %
ossature bois, déjà terminée, a d'ailleurs été inaugurée en présence de Julien Denormandie. « Cette inauguration est bien plus qu'un symbole à Bussy. Elle est la vitrine d'une philosophie urbanistique qui se veut durable, pérenne, responsable et favorable à la santé », a expliqué Yann Dubosc.
La livraison du programme, commercialisé à 100 % (39 % des acquéreurs sont originaires de Bussy-Saint-Georges ou de Seine-et-Marne), est prévue pour le 31 mars 2020.
Une filière à constituer
« J'ai pu me rendre compte de la qualité de ce projet d'aménagement, qui est en tout point exemplaire. Il est pensé de manière globale, associant l'aménagement avec la révolution numérique (permis de construire entièrement numérisé, BIM) et environnementale », a souligné Julien Denormandie. Le ministre du Logement a aussi confié « être complètement biaisé » sur la question du bois. « Mes premières amours c'est la forêt, la première expérience professionnelle que j'ai eue était dans une scierie. S'il existe un ministre du Logement qui peut être convaincu par le bois, c'est bien moi ! », a-t-il déclaré.
Plus généralement, le Gouvernement souhaite intégrer davantage de matériaux biosourcés et écoresponsables dans la construction. Lors de la signature, en novembre 2018, d'un plan d'action interministériel, l'exécutif avait déjà manifesté son soutien la filière forêt-bois. L'objectif de ce plan ? Permettre de transformer la construction et de développer l'usage du bois, afin de réduire les coûts de construction et l'empreinte carbone des bâtiments, puis de valoriser la ressource forestière française.
Cette thématique a d'ailleurs fait l'objet d'une séance de travail « à l'échelle territoriale », peu avant la visite de l'écoquartier. « Des labellisations sont portées par les professionnels, mais nous nous sommes dit lors de la réunion qu'il fallait aller encore plus loin. Nous avons évoqué la question de la maîtrise des coûts, comme celle de la constitution de la filière conformément au plan bois », a explique le ministre du Logement.
« Il nous faut continuer d'agir avec beaucoup de détermination, je crois fermement à l'avenir de la construction bois et de la construction biosourcée ». EpaMarne travaille à ce titre sur d'autres matériaux à haute performance environnementale, tels que le béton de chanvre, la terre crue, la paille ou encore le miscanthus. Ces procédés permettront, selon l'aménageur, de contribuer à créer de nouvelles filières agricoles locales.
EpaMarne souhaite devenir la « référence nationale en matière de construction durable », prescrivant l'utilisation du bois et d'écomatériaux aux promoteurs et réservant quelque 60 000 m² de surface de plancher chaque année à la construction bois. « Qu'est ce que le pari bois ? Le pari d'une isolation thermique multipliée par six par rapport à la brique, par 12 par rapport au béton, d'un matériau allégé par sept par rapport au béton, c'est aussi une économie substantielle d'eau, de déchets de chantier, et un gain moyen de surface habitable de l'ordre de 10 % », a argué le président du CA d'EpaMarne. La construction bois permet aussi de réaliser des « gains notoires » sur les délais de construction, de l'ordre de 30 % par rapport aux chantiers classiques.
Un quartier trait d'union
Situé à l'est de Bussy-Saint-Georges, cet écoquartier de 117 hectares a été doté de 16 espaces dédiés aux espaces verts, quatre aux activités économiques, de 3500 m² de commerces et services, et de 40 000 m² d'équipements publics et privés. Il a été pensé comme un « véritable trait d'union entre le centre-ville, sa gare RER et la plaine agricole, d'une part, et le quartier des Cents Arpents, ainsi que la zone d'activité Gustave Eiffel, d'autre part ». L'objectif partagé est de « faire naître un quartier durable, correspondant aux attentes des habitants et s'inscrivant harmonieusement dans le développement de Bussy-Saint-Georges ».
Ce « quartier de toutes les énergies » proposera « services, outils numériques, déplacements doux, espaces naturels, performance énergétique et usages adaptés aux modes de vie et enjeux actuels ». Et pour correspondre au mieux aux attentes des habitants, les échanges avec les parties prenantes sont récurrents, à l'image de la concertation qui a été organisée au premier trimestre 2019. « Nous sommes à Marne-la-Vallée en général et à Bussy en particulier, très attentifs et précautionneux sur le cadre de vie de nos administrés », a pu confirmer Yann Dubosc, qui concède que si l'identité du territoire est fragile du fait de sa croissance constante, un noyau dur est d'ores et déjà structuré.