Le sanitaire
« La situation mérite qu'on soit directifs, en fonction des textes législatifs. Il faut accélérer la vaccination, mais le plus important, et ce sera ma préoccupation, est d'expliquer, car la population semble adhérer quand elle a des explications. Concernant le pass sanitaire, appuyons-nous sur nos propres forces, car des mesures non contrôlées ne sont plus efficaces. La Seine-et-Marne possède un dispositif étoffé avec 17 centres de vaccination. 97 000 doses sont injectées par semaine, dont 18 000 dans les vaccinodromes de Disneyland Paris et de Fontainebleau. Le taux d'incidence est le plus faible d'Île-de-France, en raison de la densité du département. Mais il faut rester prudent, car la Seine-et-Marne est le deuxième département touristique de la région derrière Paris. On doit aller là où se trouve les gens actuellement, comme les bases de loisirs, les gares et les aires d'autoroute. Pour cela, on a mis en place des opérations de prévention et de sensibilisation avec des médiateurs anti-Covid. Fin août et début septembre, il faudra éviter de revivre ce qu'on a connu à la rentrée 2020, mais aujourd'hui, on a une arme qui est la vaccination. Pour l'instant et au total, 1 135 000 doses ont été injectées et 50 % des personnes vaccinées ont reçu deux doses (chiffres au 19 juillet, NDLR). Il faut que ce taux vaccinal continue d'augmenter pour que les 50 % soient dépassés à la rentrée. »
L'économie
« Même si le taux de chômage (6,60 % en 2020, NDLR) n'est pas très élevé en Seine-et-Marne, il reste des efforts à faire. Nous allons accompagner les gros projets qui sont en cours. Il faut notamment privilégier et traiter la question des friches industrielles. On ne peut pas pleurer sur la désindustrialisation et ne pas se pencher sur ce sujet. Il est temps de réindustrialiser là où les entreprises sont parties en tenant compte, évidemment, des paramètres environnementaux. Il faut insister sur la notion d'économie à l'espace et raisonner davantage en termes de plus-value économique. On assiste à une inversion de tendance sous l'effet de trois phénomènes : le besoin en terres agricoles, la relative efficacité, en termes d'emplois, des plateformes logistiques et la proximité habitation-travail. Il faut davantage de fluidité. On doit notamment préserver l'agriculture seine-et-marnaise, qui est un des fleurons agricoles de notre pays, notamment en matière de production céréalière. »
L'environnement
« Il faut traiter la question du traitement des déchets et de la dépollution de sols. J'aimerais savoir pourquoi ce département a le sentiment d'être la poubelle de l'Île-de-France comme beaucoup l'affirment. Aujourd'hui, on regarde de bien plus près tous ces sujets environnementaux et on a des moyens juridiques supplémentaires pour éviter ce qui s'est déroulé dans le passé, avec des déchets installés toujours aux mêmes endroits. L'autre enjeu concerne la lutte contre l'artificialisation des sols. Ce travail doit se faire en collaboration avec les communes et les intercommunalités à travers les plans locaux d'urbanisme et intercommunaux (PLU et PLUI). La Seine-et-Marne est l'un des seuls territoires où il reste de l'espace, mais il ne faut pas faire n'importe quoi. L'acceptabilité des populations est une question primordiale. »
La sécurité
« Je distingue la sécurité publique, avec ses questions de délinquance de la sécurité civile, avec les risques d'inondation, par exemple. Sur ce dernier point, il faut veiller à l'urbanisation. On doit aussi lutter contre l'insécurité routière, car c'est trop bête de mourir sur la route. Dans l'Isère, j'ai été drastique dans ce domaine. En France, on est passé de 17 000 morts dans les années 70 à 3 000 aujourd'hui. Il n'y a donc pas de fatalité, mais on y est parvenu avec des mesures fortes et une sanction toujours nécessaire. Il y a encore cependant des marges de progrès. Le phénomène qui s'accentue aujourd'hui concerne les stupéfiants, voire le cocktail stupéfiant et alcool. Il faut systématiser les contrôles avec un durcissement des barèmes. Il y a aussi ce que j'appelle “les distracteurs”, comme le téléphone portable au volant, qui contribuent aussi aux accidents. Et puis, il y a également la surreprésentation des deux-roues dans les accidents mortels. Il ne faut pas crier haro sur les motards, mais on doit progresser, notamment en matière d'apprentissage. »
Les transports
« Je n'ai pas de baguette magique, mais les Pouvoirs publics doivent avoir la possibilité de proposer des modes de transport diversifiés et décorrélés du marché actuel. Les voies ferroviaire et fluviale sont possibles, mais elles demandent une adaptation. On sera toujours obligé de compter sur les routes. D'un côté, il y a une vision départementale, et de l'autre, une vision internationale avec les transporteurs routiers. En Seine-et-Marne, il y a un gros potentiel fluvial, notamment avec le projet de canal grand gabarit entre Bray-sur-Seine et Nogent-sur-Seine, qui représente un tronçon de 27 km.»
Un préfet déjà en action
Sitôt le témoin transmis par Thierry Coudert le 19 juillet, Lionel Beffre s'est mis au travail. Après avoir déposé une gerbe de fleurs au monument aux morts de Melun, en présence de plusieurs élus, à l'occasion de sa prise de fonctions officielle, le nouveau préfet a effectué une première sortie sur le terrain. Dans la soirée du 20 juillet, il a assisté à une opération de lutte contre les stupéfiants dans le quartier de l'Almont, à Melun. Il a également visité le Centre d'opérations et de renseignements de la gendarmerie (CORG), ainsi que le Centre d'information et de commandement (CIC) de la direction départementale de la Sécurité publique de Seine-et-Marne. D'autres déplacements étaient également programmés, notamment sur une aire d'autoroute, dans le cadre des opérations de prévention contre la Covid-19 et de sensibilisation à la campagne vaccinale.