En Île-de-France, les voyants des entreprises semblent également au vert. Ce sont d’ailleurs les conclusions tirées par l’antenne francilienne de la Banque de France à l’occasion d’une consultation menée lors du premier semestre. Services marchands, hébergement restauration, commerce, industrie et construction : tous ces secteurs, passés au crible par cette étude, ont repris de la vigueur. Une sortie de crise commentée par Jean-Pascal Prevet, directeur régional de la Banque de France en Île-de-France.
Une attractivité reconnue
L’Île-de-France est la région la plus attractive d’Europe en termes d’investissements directs émanant de l’étranger. Les chiffres le prouvent : 336 entreprises internationales y sont implantées, un tiers des 500 plus grandes sociétés mondiales y possède un siège social, 41 % des chercheurs français travaillent sur le territoire francilien et 50 % des start-up françaises y ont élu domicile. En matière de création d’entreprises, la région francilienne fait également figure de leader. 30 % des créations nationales s’opèrent en Île-de-France avec une augmentation constante depuis trois ans (26 921 au deuxième trimestre 2021 contre 20 532 en 2018, hors microentreprises).
Jean-Pascal Prevet, directeur de la Banque de France Île-de-France
Une rentabilité attendue
Selon la Banque de France Île-de-France, tous les secteurs d’activité étudiés envisagent une amélioration financière de leur situation au terme de cette année. C’est le cas pour l’industrie (58 %), le commerce (52 %), les services aux entreprises (49 %) et la construction (48 %). « Le commerce est la bonne surprise », souligne Jean-Pascal Prevet. « On pensait voir ce secteur en grande difficulté, mais ses gros acteurs ont bien résisté en recentrant leur modèle, avec notamment la vente en ligne. Ils regardent 2022 sans trop d’inquiétude. »
Seul bémol, l’hébergement restauration, un secteur très malmené par la crise sanitaire avec des craintes affirmées (46 % de ses entreprises envisagent une dégradation de leur activité). La tendance générale reste toutefois à l’optimisme en matière de rentabilité. Les entreprises franciliennes envisagent toutes un résultat net supérieur à celui de l’année 2020. C’est notamment vrai pour les secteurs des services (77 %), du commerce (79 %) et surtout de la construction (87 %). Dès lors, pas question pour elles de recourir à de nouveaux emprunts. Un refus généralisé : 92 % pour la construction, 91 % pour l’hébergement restauration et le commerce et 90 %, pour les services notamment. En résumé, près de 70 % des entreprises sondées affichent une augmentation de leur trésorerie. Une bonne santé financière relative due essentiellement au recours massif aux prêts garantis par l’Etat (PGE) (en nette augmentation en l’espace d’un an et demi, leur nombre est passé de 11 022 en avril 2020 à 51 922 en septembre 2021), favorisé par un remboursement étalé le plus souvent sur cinq ans. « La reprise est là grâce aux PGE », reconnaît Jean-Pascal Prevet. « Il n’y a pas eu de choc au niveau de l’emploi. Les entreprises se retrouvent en position plutôt favorable à l’occasion de cette sortie de crise. La demande internationale est là. Le manque de matières premières, on le constate à chaque crise. Au moment du rebond, il y a une forte demande et il faut renouveler les stocks. L’inflation est une inflation de reprise. Elle n’est pas structurelle. Je pense qu’on repassera sous les 2 % en 2022. »
La conséquence directe de cette économie mise “sous perfusion” durant plusieurs mois, c’est donc une baisse des défaillances. Entre juillet 2018 et juillet 2021, elles ont ainsi diminué (de 11 723 à 7 142). Ces défaillances ont surtout concerné le commerce et la construction (20 % pour les deux). Globalement, près de 18 % des entreprises connaissent, à la fois, une hausse de leur endettement et une baisse de leur trésorerie. Des situations fragiles qui doivent appeler à la vigilance et nécessiter un soutien ciblé.
Un accompagnement indispensable
Le 6 août dernier, le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance a défini les modalités de mise en œuvre d’un plan d’action. Le pilotage de ce plan a été confié à un comité national présidé par un conseiller national à la sortie de crise, lequel va s’appuyer sur des comités départementaux. Ces comités, présidés par le préfet, réuniront les services de l’État et des partenaires (dont la Banque de France et les chambres consulaires). « L’objectif est d’apporter de l’information sur la situation économique locale et de mutualiser les initiatives », précise Jean-Pascal Prevet. En complément, dans chaque département, un comité restreint, présidé par le directeur des finances publiques, cherchera à détecter précocement et individuellement les entreprises susceptibles d’être confrontées à des difficultés, afin de les soutenir au plus près. « Cet accompagnement va se concentrer sur les entreprises connaissant à la fois une hausse de leur endettement et une baisse de leur trésorerie. Mais il n’y aura pas de mur des faillites, car les savoir-faire sont restés dans les entreprises », conclut Jean-Pascal Prevet.
L’artisanat voit aussi le bout du tunnel
Avec ses 250 métiers, 500 activités différentes et un vrai savoir-faire, le secteur de l’artisanat est également concerné par la sortie de crise. « En tant qu’acteur de l’emploi de proximité, nous restons vigilants en matière d’accompagnement », déclare Elisabeth Détry, présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat d’Île-de-France. Près de 4 000 entreprises artisanales sont ainsi accompagnées actuellement vers la transition numérique. « 67 % de nos artisans ont confiance en l’avenir. Ils s’inscrivent pleinement dans cette sortie de crise », souligne Thomas Cecini, directeur régional adjoint du développement économique en appui des territoires à la CMA Île-de-France. Un avenir qui passe notamment par la reprise des embauches. « Recruter, c’est investir dans le futur », précise Thomas Cecini. « Même si nous rencontrons parfois des difficultés en termes de profils, le renouvellement du tissu artisanal reprend son rythme et est en hausse par rapport à 2019. » La vigilance doit cependant rester de mise, car 63 % des créations dans ce secteur concernent des microentreprises. « Elles ont besoin d’un coaching personnalisé pour rencontrer l’emploi qui est le leur. Il faut former les emplois de demain pour répondre aux métiers en tension », assure Thomas Cecini.