Il veut y croire. Stéphane Cholay, propriétaire du Bobo Club depuis 2013, vient de réouvrir. Depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020, son établissement, situé en lisière de la forêt de Fontainebleau, aura connu 19 mois de fermeture cumulés. Aucune autre activité commerciale n’aura été autant mise à l’arrêt.
Mais cette réouverture redonne à peine le sourire au président de la branche nuit au sein de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie Île-de-France (Umih) : « L’ambiance générale est triste. Il y a eu une forme d’injustice et beaucoup d’hypocrisie de la part du gouvernement. On a dû refermer le 10 décembre, mais les fêtes privées dans des Airbnb et les rave party ont continué. Tout est bancal depuis le début. On a été des boucs émissaires. »
Le ressentiment est donc fort chez ce patron syndicaliste qui a dû mettre ses deux salariés au chômage partiel et se séparer du personnel embauché en extra. « Il y a eu un vrai manque à gagner pour tout le monde, déplore le gérant du Bobo Club, qui ne s’est pas versé de salaire durant plusieurs mois. Même les contrôles sanitaires nous ont coûté de l’argent. Avec l’Umih, on est en train de monter un dossier pour évaluer ce manque à gagner. »
Après presque deux ans de crise, le bilan est terrible pour un secteur déjà structurellement fragilisé. Selon le Syndicat national des discothèques et lieux de loisir (SNDLL), sur les 1 648 établissements recensés en France avant la pandémie, 25 % se sont retrouvés en difficulté lors de la première réouverture, en juillet 2021, et 131 liquidations judiciaires ont été prononcées. Aujourd’hui, il ne resterait plus que 1 250 discothèques, dont une petite douzaine en Seine-et-Marne.
Stéphane Cholay, qui avance le chiffre de 340 faillites, a constaté aussi les dégâts : en 2021, il n’a réalisé que 50 % de son chiffre d’affaires de 2019 (400 000 euros) et le prêt garanti par l’Etat (80 000 euros) lui a juste permis de sauver les meubles. « Qu’on nous laisse travailler maintenant, demande le patron du Bobo Club, qui a songé à jeter l’éponge. Il faudrait que le gouvernement nous retire les charges incompressibles et repousse encore le remboursement des PGE. Mais il y aura encore des faillites, il ne faut pas rêver… »
C’est donc un plan spécifique (baisse de la TVA, poursuite du chômage partiel dès 20 % de perte de chiffre d’affaires) que les discothèques réclament. Car si elles voient le bout du tunnel, le plus dur ne fait sans doute que commencer…