Avec 214 installations (à dominante agricole) qui injectent du biométhane contre 123 fin 2019 et 1200 projets à l'étude, la filière française de méthanisation connait une « dynamique très forte ». En Seine-et-Marne, une douzaine de méthaniseurs est déjà en place, et une soixantaine étaient en projet à l'été dernier.
Témoignant en tant que co-président de France gaz renouvelables, une association chargée de promouvoir le biométhane à travers le territoire français, Jacques-Pierre Quaak a souligné que cette filière favorisait une « économie circulaire et de territoire ». Les créations d'emplois devraient augmenter durant les prochaines années, qu'il s'agisse de fournir de la main d'œuvre aux installations, mais aussi de développer les briques technologiques françaises qui permettront de réduire les coûts (les machines venant de l'étranger, leur adaptation est nécessaire aux particularités françaises). La méthanisation répond aussi à des besoins de traitement des déchets, et à une décarbonation liée à aux externalités positives qu'elle génère. Elle permet « globalement de réaliser des économies très significatives de gaz à effet de serre ».
Les bénéfices ne s'arrêtent pas là. « Cette matière, une fois digérée, est un formidable engrais vert. Dans le monde agricole, c'est un réel bénéfice : nous ne nourrissons plus une plante avec des engrais industriel, dont les coûts se sont envolés », a expliqué Jacques-Pierre Quaak. Avec ses huit années de recul, l'exploitant agricole a même constaté des bénéfices en termes de biodiversité et d'augmentation de la matière organique de ses sols, qui gagnent en fertilité. Les deux frères sont donc très exigeants sur la matière incorporée.
Même l'association France nature environnement, qui s'était au départ montrée méfiante, a finalement apprécié la visite chez les frères Quaak, au point de plaider pour la multiplication de ces installations. Mais, pour le coprésident de France gaz renouvelables, l'implantation de méthaniseurs doit être pensée de manière suffisamment intelligente, pour mettre à profit tous les bénéfices qui gravitent autour de ces projets à l'échelle d'un territoire.
D'autant que nouveaux scénarios se dessinent avec le digestat. Les frères Quaak récupèrent par exemple les deux tiers du petit lait de la fromagerie qui fabrique le Brie de Meaux, renouant avec d'ancienne pratiques. Quant au devenir du gaz, produit en excédent, il pourrait fournir une installation de GNV pour fournir en carburant vert les véhicules. « Demain, les contraintes environnementales empêcheront les véhicules diesels de circuler, donc il y de l'avenir »,
a conclu Jacques-Pierre Quaak.