Le Moniteur de Seine-et-Marne : Le Siredom intervient donc à la fois dans l’Essonne et en Seine-et-Marne ?
Michel Vialatte : Oui, notre syndicat compte actuellement 15 communes adhérentes en Seine-et-Marne, situées entre La Chapelle-la-Reine et Château-Landon : Arville, Obsonville, Le Vaudouay et Tousson, Amponville, Rumont... Nous y développons la même stratégie que dans l’Essonne, avec notamment la mise en place de bornes d’apports volontaires.
Avec le président du Siredom, Xavier Dugoin, nous venons d’inaugurer, une série de ces plateformes en Seine-et-Marne – Arville, Ichy, Obsonville, Châtenoy, Le Vaudouay et Tousson, Amponville –, à présent opérationnelles depuis une quinzaine de jours.
MSM : L’objectif de ces plateformes est-il de supplanter la collecte porte-à-porte ?
M. V. : Supplanter, non. L’objectif du Siredom est néanmoins de développer progressivement un réseau de déchèteries et de plateformes d’apports volontaires pour alléger le coût de cette collecte en porte-à-porte que supportent nos collectivités adhérentes.
L’apport volontaire est évidemment une forme de dépôt de déchets qui présente de multiples avantages. Le premier d’entre eux est d’amener l’usager à effectuer lui-même son tri et à accéder à nos plateformes pour déposer ses déchets triés : le verre, les emballages, le plastique... C’est cette pédagogie de l’apport volontaire que nous développons et qui est parfaitement dans l’esprit de la loi de transition énergétique.
Deuxième intérêt, cet apport volontaire est écologique. Il limite en effet les flux de véhicules poids lourds et les encombrements de circulation que génère la collecte porte-à-porte.
A terme, notre objectif est de développer un réseau de plus en plus dense, au plus près des habitations, selon les zones de population, offrant aux habitants la possibilité, à moins de 800 m de leur domicile, de trouver l’une de ces plateformes d’apports volontaires de proximité.
Dans notre programme d’investissement, nous avons décidé la création de 200 premières plateformes, pour la Seine-et-Marne et l’Essonne, mises en place selon un calendrier précis. Une cinquantaine est déjà implantée. En août prochain, nous atteindrons 100 plateformes opérationnelles, en novembre 150 et enfin 200 en avril 2017. Je pense que le Siredom poursuivra ensuite, à travers une nouvelle tranche d’implantations, le maillage progressif de ce réseau.
MSM : Avez-vous un rôle pilote en France sur ce type d’implantations ?
M. V. : En Île-de-France, notre syndicat exploite le premier réseau de déchèteries –nous en avons 16 en exploitation et nous en aurons 23 en 2018. S’agissant des 200 plateformes d’apports volontaires de proximité dont nous venons de parler, nous sommes tout à fait pionniers. En France, actuellement, le Siredom est le seul syndicat de traitement à avoir développé un tel réseau.
MSM : Avez-vous engagé une étude d’impact avant de lancer cette stratégie ?
M. V. : Naturellement, nous avons mené une étude par bassin de population pour déterminer la carte des implantations, en fonction des zones d’habitat. Nous prenons ensuite contact avec les maires des communes concernées pour trouver, avec eux, le lieu d’implantation le plus stratégique à leurs yeux, dans le quartier que nous avons prédéterminé. En général, nous veillons à nous positionner le long d’une route départementale ou à un croisement de voies urbaines, pour les bourgs, de façon à ce que la plateforme soit visible, facilement accessible en véhicule et ainsi propice à la collecte.
MSM : De quoi se compose chaque plateforme ?
M. V. : Chaque plateforme comporte trois bornes enterrées de 4 m3, nécessitant pour être vidées un camion équipé d’un grappin. L’accès doit donc être facile.
« Notre objectif est d’atteindre 150 000 tonnes de déchets collectés aux bornes d’apports volontaires, fin 2018. »
MSM : Vous avez associé cette démarche écologique à une collaboration locale, notamment avec des entreprises adaptées.
M. V. : La principale originalité de ce programme d’investissement est d’être passé, en 2015, par l’organisation d’un concours auprès d’entreprises susceptibles de concevoir ces plateformes. Nous avons ensuite mis en concurrence ces entreprises pour définir un modèle de plateforme d’apport volontaire. Cette dernière est ainsi conçue comme un véritable mobilier urbain.
Nous avons également exigé qu’elle soit fabriquée à partir d’éco-matériaux. Le lauréat du concours nous a proposé de réaliser les plateformes à partir d’un matériau à base de plastique et de végétaux recyclés. Par ailleurs, les palissades qui entourent la plateforme, mais aussi le mât d’éclairage photovoltaïque, sont conçus à partir d’éco-matériaux fabriqués dans cette entreprise dite “adaptées”, c’est-à-dire employant des travailleurs en situation de handicap. Cette exigence du Siredom faisait expressément partie du cahier des charges initial. Nous voulons réellement travailler dans le cadre de l’économie circulaire.
MSM : Vous travaillez également avec des partenaires qui se chargent de la collecte des déchets et de leur recyclage...
M. V. : Absolument. Aujourd’hui, en Seine-et-Marne et dans l’Essonne, le Siredom collecte environ 100 000 tonnes de déchets en apport volontaire, sur notre réseau de déchèteries et nos points de collecte volontaire. Notre objectif est d’atteindre 150 000 tonnes de déchets collectés, fin 2018. Pour information, nous collectons au total 450 000 tonnes de déchets sur notre territoire... L’apport volontaire représente donc actuellement quelque 20 %% de cette collecte globale. Nous souhaitons parvenir à 30 %% fin 2018.
Ces déchets sont ensuite valorisés. Ils génèrent pour le Siredom des recettes versées par les éco-organismes (voir encadré). Ces revenus sont intégralement redistribués à nos communes adhérentes. C’est donc une opération gagnant-gagnant. Gagnant pour le Siredom, puisque nous augmentons les tonnages en nous inscrivant dans les objectifs de la loi de transition énergétique en améliorant nos taux de valorisation des déchets, et c’est gagnant pour nos collectivités adhérentes puisqu’elles se voient redistribuer le bénéfice financier de cet effort de valorisation.
Deux autres intervenants font également partie de cette chaîne d’opérations : ESD, une importante PME francilienne, d’un millier de salariés, qui a remporté le marché de collecte, et la société Semardel, basée à Vert-le-Grand, près d’Evry, qui dispose d’un site de traitement et de valorisation des déchets.
Propos recueillis par Jean-Paul Viart