Votée en 2006, après une série d’émeutes dans des banlieues, la loi sur l’égalité des chances avait pour objectif de lutter contre les discriminations à l’embauche. D’où ce CV anonyme, ne contenant aucune information – nom, sexe, âge, adresse, photographie… – susceptible d’identifier le candidat. Faute de décret d’application, cette loi n’est finalement pas entrée en vigueur. Une expérimentation a été mise en place en 2010, sous l’égide du Centre de recherche en économie et statistiques.
L’étude montre qu’en adoptant le CV anonyme, un candidat issu de l’immigration ou résidant en zone urbaine sensible possède deux fois moins de chances d’obtenir un entretien. Selon le Crest, ce résultat paradoxal s’explique par le fait que, avec un CV classique, les recruteurs connaissent les origines sociales du candidat et sont donc plus indulgents face aux carences observées (fautes d’orthographe, « trous » dans le CV…).
Le marché de l’emploi a sensiblement changé depuis une dizaine d’années, avec l’essor des réseaux sociaux et l’apparition de nouvelles méthodes comme la simulation par des tests (utilisée par La Poste) ou le recrutement sur liste de compétences (expérimenté par Pôle emploi). Le CV anonyme est une fausse bonne idée, d’autant plus que les renseignements qu’il masque finissent par apparaître lors de l’entretien. Pour faire reculer les discriminations, mieux vaudrait agir pour sensibiliser les recruteurs.