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La Seine-et-Marne, plus qu'une simple campagne de Paris

L'IAU – Institut d'aménagement et d'urbanisme – d'Île-de-France s'est intéressé à la place qu'occupent les villes petites et moyennes (VPM) dans le système métropolitain francilien. Pour cette étude, 18 villes de la région ont été analysées. Pas moins de 10 d'entre elles sont situées en Seine-et-Marne.
La Seine-et-Marne, plus qu'une simple campagne de Paris
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Fontainebleau, Nemours, Montereau-Fault-Yonne, Nangis, Provins, Coulommiers, La Ferté-Gaucher, La Ferté-sous-Jouarre, Meaux et Lizy-sur-Ourcq sont les 10 villes, petites et moyennes (VPM), répertoriées dans l'étude de l'IAU Île-de-France. Cette dernière, baptisée “Villes des franges de l'agglomération parisienne – Être plus qu'une simple campagne de Paris” s'intéresse aux villes qui comptent entre 3 000 et 50 000 habitants. Une exception est faite pour Meaux qui en a 53 000, mais qui est tout de même prise en compte dans l'étude en raison du rôle qu'elle joue dans la structuration du département seine-et-marnais.

Ce qui rend ces villes de Seine-et-Marne bien identifiables, c'est en premier lieu leurs sites naturels et pittoresques. Nous pouvons citer la forêt de Fontainebleau, les rivières de Montereau ou encore le patrimoine fluvial de Nemours avec le Loing et son canal. Ensuite il y a également le patrimoine architectural et parfois historique. On pense notamment au château de Provins ou à sa cité médiévale, à celui de Fontainebleau, de Nemours ou encore de Nangis. Concernant Fontainebleau, il s'agit d'ailleurs d'une ancienne ville royale ce qui contribue à faire vivre son économie locale.

Ces VPM ont également pour particularité d'être plutôt bien reliées au coeur de Paris, même si certaines en sont assez éloignées. Elles disposent toutes d'une gare ferroviaire, à l'exception de la Ferté-Gaucher, qui n'en a plus depuis 2002. En transports, la Ferté-Gucher et Provins sont à 1 h 45 du centre de Paris. Coulommiers, Lizy-sur-Ourcq, La Ferté-sous-Jouarre, Nangis, Nemours et Montereau sont à 1 h 30. Pour rejoindre le centre de la capitale en partant de Fontainebleau il faut 1 h 15 et enfin de Meaux on met environ entre 45 minutes et 1heure. En voiture il faut compter 1 h 20 à 1 h 40 pour rejoindre Paris en partant de ces villes.

Enfin le troisième critère rempli par ces villes est d'être le centre d'intercommunalités c'est-à-dire qu'elles constituent un centre urbain autour duquel gravitent plusieurs communes. Pour beaucoup, elles ont d'ailleurs donné leur nom à cette intercommunalité. Ainsi à Nemours ce sera le Pays de Nemours ou à Montereau-Fault-Yonne, le Pays de Montereau. On retrouvera aussi le Pays de Fontainebleau, le Pays de Meaux, le Pays de l'Ourcq, le Provinois ou encore Coulommiers Pays de Brie. Au cœur de ces intercommunalités, ces VPM y exercent une forme de centralité décisionnelle et politique. Néanmoins ce n'est pas toujours le maire de la ville en question qui est à la tête de l'intercommunalité, c'est le cas à Meaux avec Jean-François Copé ou encore à Provins avec Olivier Lavenka mais pour le Pays de Montereau il s'agit de quelqu'un d'autre.

Comment se portent les VPM ?

En deuxième lieu, l'étude de l'IAU Ile-de-France s'est intéressée à la situation de villes petites et moyennes en regardant leur évolution démographique, le vieillissement de leur population et l'état de l'emploi. Zoom sur le cas de la Seine-et-Marne.

La démographie

En matière d'évolution démographique, toutes les villes petites et moyennes ne connaissent pas la même dynamique. Elles peuvent être distinguées en quatre grandes catégories : Les communes en décroissance ; les communes en ralentissement démographique ; les communes à croissance forte et les communes à très forte croissance.

Fontainebleau, Lizy-sur-Ourcq et Provins appartiennent à la première catégorie. La population de Fontainebleau est en effet passée de 20 583 habitants en 1962 à 14 974 en 2015. Cette décroissance s'est accélérée au cours des 20 dernières années. Depuis 1990, la ville a ainsi perdu près de 1 000 habitants et son taux d'évolution, alors qu'il tend à remonter dans nombre de VPM, reste toujours négatif (-0,18 entre 2010 et 2015). De même Provins est marquée par une très faible croissance démographique, voire une stagnation, depuis 1975. À son tour, depuis 2009, elle est en décroissance avec le taux négatif le plus élevé des VPM étudiées (-1,03 % entre 2010-2015). Enfin, Lizy-sur-Ourcq connait un ralentissement démographique important depuis le milieu des années 2 000. Elle gagne près de 1 200 habitants entre 1962 et 1990 (passant de 1 782 à 3 047 habitants) mais, depuis 2010, elle plafonne à 3 630 habitants. Son solde migratoire ne compensant pas son accroissement naturel, Lizy-sur-Ourcq perd des habitants sur la période récente (-0,03 % de croissance annuelle moyenne entre 2010 et 2015).

Coulommiers, Meaux et Nemours sont en ralentissement démographique depuis la fin des années 1990. Après un ralentissement fort, au point de voir leur population baisser, pour deux d'entre elles au début des années 2000, leur rythme de croissance avoisine les 1 % annuel à partir du milieu des années 2010. Néanmoins, sur la totalité de la période (1962-2015), ces villes ont presque doublé leur population. Coulommiers passe de 9 502 à 15 116, Meaux de 22 286 à 53 720 et Nemours de 6 548 à 13 358.

Trois communes connaissent une forte croissance démographique. Il s'agit de la Ferté-sous-Jouarre, Nangis et La Ferté-Gaucher. La Ferté-sous-Jouarre, qui compte près de 10 000 habitants, en a gagné plus de 6 380 depuis 1962. Après un fort ralentissement du début des années 1990 jusqu'au milieu des années 2000, elle bénéficie depuis 2010 d'un regain de croissance démographique. Nangis connait une forte croissance démographique entre 1962 et 1990 (+2,25 % de taux de croissance annuelle moyen entre 1962 et 1990), qui ralentit à partir des années 1990. La Ferté-Gauchuer a gagné des habitants car elle attire de nouvelles populations. Elle est passée de 2 633 habitants en 1962 à 4 802 habitants en 2015.

Montereau-Fault-Yonne, quant à elle, se distingue par sa très forte croissance démographique, à un rythme de +2,5 % entre 2010-2015.

Le vieillissement de la population

Milly-la-Forêt, Provins, Coulommiers, Fontainebleau et la Ferté-Gaucher connaissent un vieillissement de leur population depuis le début des années 1980. Ce phénomène résulte de l'accroissement de la part de personnes âgées au sein de leur population et de la baisse de la part des jeunes entamée dès le début des années 1970. La part des personnes âgées atteint plus de 25 % dépassant ainsi la part de jeunes ce qui accentue le phénomène de vieillissement de la population. Pour Coulommiers, la part des personnes âgées est moins importante que pour les villes précédentes, même si elle demeure relativement élevée, à 24 %.

Les villes de la Ferté-sous-Jouarre et Nemours connaissent un vieillissement de leur population plus lent. Il est lié à la combinaison d'une légère hausse de la part des personnes âgées entre 2006 et 2014 (+2 points) et sa stabilisation entre 20 et 22 %. En parallèle, la part des jeunes se maintient autour de 27 % depuis le milieu des années 2000.

Les villes de Montereau-Fault-Yonne, Nangis et Lizy-sur-Ourcq connaissent une convergence encore plus faible de la part de la population âgée de 60 ans et plus autour de 20 % depuis les années 2000. Cette dynamique, associée à un taux de jeunes avoisinant les 30 %, confère à ces villes un profil relativement jeune.

La ville de Meaux est, par comparaison avec les autres VPM, relativement jeune. Elle compte à la fois une faible part de personnes âgées et une forte part de jeunes.

Le profil social des habitants des VPM

Le profil sociodémographique des habitants des villes petites et moyennes de Seine-et-Marne a été établi en quatre catégories, en fonction des types d'emplois dominants dans chaque ville.

Fontainebleau est classée dans la catégorie « ville aisée de cadres et professions intermédiaires ». En effet la part de cadres et de professions intermédiaires y est très élevée (plus de 30 % de cadres), et la part d'ouvriers et faible (inférieure à 10 %).

La Ferté-sous-Jouarre, Meaux, Provins et Nemours sont classées dans la catégorie « villes modestes d'employés et des professions intermédiaires ». La part d'employés y est en effet très élevée, celle des ouvriers et des professions intermédiaires est forte et les cadres sont moyennement nombreux.

Coulommiers et Nangis sont classées parmi les « villes populaires d'employés et de professions intermédiaires » avec une très grande part d'employés, une part importante de professions intermédiaires et d'ouvriers et très peu de cadres.

La Ferté-Gaucher, Lizy-sur-Ourcq et Montereau-Fault-Yonne sont rangées dans la catégorie « villes populaires composées d'employés et d'ouvriers ». Elles accueillent en effet beaucoup d'employés et d'ouvriers, quelques professions intermédiaires et très peu de cadres.

Ces différences de profil social des VPM se retrouvent dans les statuts d'occupation. La part des propriétaires, depuis les années 1980, est en augmentation. Le taux pour l'ensemble des villes petites et moyennes est passé de 33 % en 1982 à 42 % en 2014. Les écarts sont toutefois très importants selon les villes. Montereau-Fault-Yonne ne compte que 26 % de résidents propriétaires contre 50 % à La Ferté-sous-Jouarre. On remarquera qu'il n'y a pas systématiquement de corrélation entre le profil social aisé des communes et la prédominance du statut de propriétaire. Sur ce point, Fontainebleau est un bon exemple. Composée majoritairement de cadres, elle n'en a pas moins aujourd'hui encore plus de ménages de locataires que de propriétaires (41 % de propriétaires contre 56 % de locataires).

L'emploi dans les VPM

Depuis 2006, la tendance est à la baisse des emplois dans presque toutes les villes. En Seine-et-Marne, seule Coulommiers a un taux de croissance positif mais ce n'est pas la ville où le stock d'emplois est le plus important ; Meaux dispose de stocks nettement plus conséquents.

Des années 1975 jusqu'à aujourd'hui, on constate que plusieurs villes petites et moyennes ont connu une baisse importante de leur niveau d'emploi à partir des années 1990 qu'elles n'ont pas encore retrouvé. C'est le cas de la Ferté Gaucher, Fontainebleau, Lizy-sur-Ourcq et Montereau-Fault-Yonne.

Un autre indicateur montre que la situation de l'emploi est fragile, dans la plupart de ces VPM, c'est le taux d'activité. Il est légèrement inférieur à la moyenne régionale qui est de 76,1 %. À Montereau-Fault-Yonne, il est inférieur à 67 %.

Si l'on monte à l'échelle intercommunale, on se rend compte que les villes petites et moyennes jouent bien un rôle de centralité de l'emploi au sein de leur intercommunalité d'appartenance. Sur ce point, les différences sont notables entre villes et ne sont pas systématiquement corrélées au nombre d'habitants par commune. Parmi les dix communes, quatre comptent plus de 30 % des emplois de l'intercommunalité : Montereau, Meaux, Nemours, et Provins. C'est Meaux, avec un taux de 55 %, qui concentre la part la plus importante d'emplois par rapport au nombre
total de son intercommunalité. La ville où le taux d'emploi de la VPM par rapport à l'ensemble de l'intercommunalité est le plus faible est La Ferté sous Jouarre avec 13 %. Les villes petites et moyennes, même si elles catalysent une large part de l'emploi intercommunal, sont néanmoins loin d'être les seules pourvoyeuses du territoire intercommunal auquel elles appartiennent.

Le chômage

Les taux sont très variables selon les territoires. Les taux de chômage les plus faibles correspondent aux villes les plus riches où les actifs sont majoritairement des cadres et où il y a une forte proportion de retraités, comme Fontainebleau. À l'inverse, deux villes ont des taux de chômage particulièrement élevés, supérieurs à 20 % : Provins et la Ferté Gaucher, alors même que ces villes ont plutôt de bons taux d'emplois (supérieurs à 1 %). On mesure bien là que les taux de chômage ne sont pas corrélés aux taux d'emploi ; la dynamique de l'emploi sur un territoire pouvant très bien profiter aux actifs extérieurs à la commune et non aux résidents.

Les migrations quotidiennes vers le cœur de l'agglomération

Les actifs-résidents des VPM sont donc très majoritairement des navetteurs quotidiens. Ces migrations se concentrent sur le cœur de l'agglomération. Il existe bien quelques flux transversaux (domicile/travail) entre villes petites et moyennes, notamment entre Nemours, Fontainebleau et Montereau, mais ils sont peu nombreux.

À Coulommiers, 18 % des actifs travaillent sur Paris ; à La Ferté-Gaucher 12 % ; la Ferté-sous-Jouarre 29 % ; Fontainebleau 25 % ; Lizy-sur-Ourcq 15 % ; Meaux 28 % ;
Montereau-Fault ; Yonne 23 % ; Nangis 27 % ; Nemours 19 % et Provins 25 %.


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