Financée par le conseil régional d’Île-de-France et réactualisée tous les deux ans depuis 2001, cette enquête vise à mesurer le sentiment d’insécurité et les atteintes dont la population francilienne est victime et à analyser leur évolution. Elle complète également les statistiques officielles de la Police et de la Gendarmerie nationale. Focus sur la situation en Seine-et-Marne, dont 908 habitants ont été sondés.
Si, à l’issue de cette nouvelle enquête de l’Institut Paris Région, la pauvreté s’impose de nouveau comme la principale préoccupation des Franciliens (40,5 % des personnes interrogées), devant le chômage (26,3 %), la délinquance et le phénomène “sécuritaire“ en général demeurent une vraie priorité à leurs yeux (20,5 %). Elle est, en effet, en hausse (+4,8 points) par rapport à la précédente enquête de 2019. Les Franciliens ont-ils été victimes d’atteintes personnelles ? Leur arrive-t-il d’avoir peur et où ? Quelles relations entretiennent-ils avec les représentants des forces de l’ordre ? Cette consultation a tenté de répondre à ces questions.
Un fort sentiment d’insécurité
Alors que la perception de la sécurité ne se résume pas aux seuls actes concrets (vol, agression, atteinte aux véhicules…), le sentiment d’insécurité est une dimension à prendre en compte. Il peut, en effet, avoir un fort impact sur le quotidien des habitants d’Île-de-France. Ce sentiment conserve globalement un niveau comparable à celui observé en 2019. Deux ans plus tard, en 2021, il touche 53,7 % de la population francilienne. La Seine-et-Marne est le département dont la population est la plus sujette à se sentir en insécurité (59,5 %, soit
+8,2 points par rapport à 2019) devant la Seine-Saint-Denis (57 %) et l’Essonne (55,8 %). Même si une amélioration se dessine par rapport à 2019, la peur dans les transports en commun, par exemple, reste particulièrement prégnante chez les Seine-et-Marnais, notamment dans le train (25,1 %) et dans une moindre mesure le métro (32,4 %) et le bus (17,3 %).
Ce degré élevé s’explique aussi par une préoccupation sécuritaire en forte augmentation par rapport à 2019 (24,8 % en 2021 contre 16,6 %), plaçant la Seine-et-Marne au deuxième rang des départements où elle est la plus répandue juste derrière l’Essonne (25,3 %).

Une victimation en baisse
Globalement, la part de la population victime (toutes catégories d’atteintes confondues) a fortement diminué par rapport à 2019, quel que soit le département. À ce sujet, la Seine-et-Marne reste le département où le taux de victimes est le plus bas (38,7 %). Elles sont notamment sous-exposées aux vols sans violence (6,5 %, contre 10,3 % en moyenne dans la région) et aux agressions (8,4 %, toutes violences confondues, contre 10,2 % pour l’ensemble des Franciliens).
Les Seine-et-Marnais sont aussi moins victimes de vols de deux-roues (10,8 % des ménages équipés de deux-roues, contre 18,1 % en moyenne dans la région), ainsi qu’aux dégradations ou destructions de véhicules (13,7 % des ménages équipés contre 16,6 % en moyenne). De façon générale, la population francilienne est moins sujette à la peur qu’il y a 20 ans (45 % en 2021, contre 53,8 % en 2001). Faut-il y voir un lien avec le recours constant de la vidéoprotection en Île-de-France ? En effet, l’adhésion à la télésurveillance en tant que dispositif de lutte contre la délinquance dans l’espace public se maintient à un niveau élevé (71,4 %), même si on constate une légère érosion par rapport à 2019 (-3,9 points).

La perception du quartier
La perception qu’ont les Franciliens de leur quartier s’est plutôt améliorée entre 2019 et 2021, quel que soit leur département de résidence. Pour autant, la situation demeure assez inégale. Ainsi, en Seine-et-Marne, les habitants considèrent souvent leur quartier agréable à vivre (93,2 %) et sûr, ou plutôt sûr (92,2 %).
En revanche, ils sont moins enclins à s’estimer près de tout (74,4 %). Une relative satisfaction générale qui s’accompagne néanmoins d’un sentiment négatif : aux yeux des Seine-et-Marnais, la présence policière est insuffisante, voire inexistante (37,9 %).

L’impact de la Covid-19
Cette 11e enquête a été réalisée au début de l’année 2021, alors que l’épidémie de Covid-19 continuait d’impacter le quotidien des Franciliens. Une crise sanitaire dont les répercussions sur l’insécurité sont difficilement quantifiables, même si les évolutions qui ressortent tendent à montrer que la délinquance ou du moins les victimations sont en recul. Conséquence d’une activité délinquante réduite, en raison des restrictions de déplacement ? Toujours est-il que la part de la population victime de vols ou de tentatives de vol sans violence a diminué. La baisse est également significative pour les agressions tout venant. C’est également le cas pour les dégradations ou les destructions de véhicules, ainsi que pour les vols à la roulotte et dans une moindre mesure les vols de deux-roues et de voitures. La prochaine enquête, dont le lancement était programmé pour ce début d’année, sera publiée en janvier 2025. Elle permettra de vérifier si cette tendance générale à la baisse se confirme.
Promesse de campagne de Jean-François Parigi lors des élections départementales de 2021, le bouclier de sécurité est devenu effectif en 2022. L’objectif du Département est de mobiliser l’ensemble des collectivités pour assurer la sécurité dans tous les espaces publics et réduire les crimes et délits. Ce dispositif compte trois volets. Le premier concerne les collèges où 12 postes de médiateurs ont été créés. Ceux-ci mènent des actions de prévention contre toutes les formes de violence (harcèlement, sexisme, homophobie…).
Ensuite, un fonds d’aide aux collectivités a été mis en place, afin de les accompagner dans la modernisation de leurs polices (rénovation des locaux, acquisition de véhicules, armement, protections individuelles). Enfin, le dernier volet a trait à la sécurisation de l’espace public via la vidéoprotection. Ainsi, en plus de la subvention de 20 % d’un montant plafonné à 350 000 euros, le Département accorde un bonus de 6 000 euros pour toute caméra dédiée à la surveillance de bâtiments publics ou d’espaces naturels sensibles (ENS).
Plus d’une cinquantaine de dossiers a été déposé et est en cours d’étude. À terme, le Département vise la création d’un centre départemental de supervision (CDS). Une enveloppe globale de 2,31 millions d’euros (1,5 million d’euros pour le fonds d’aide et 810 000 euros dédiés aux médiateurs) a été débloquée. « On souhaite prêter main-forte aux collectivités pour œuvrer ensemble à la sécurité de nos concitoyens. L’attente est encore plus forte que je ne l’avais imaginé », se réjouit Christian
Robache, vice-président chargé de la sécurité et des bâtiments départementaux