Deux-tiers de nos concitoyens estiment que l’inflation est la première cause de la dégradation de leur situation financière. Or elle est actuellement inférieure à 1 %% par an. Mais plusieurs sondages ont montré que le taux d’inflation perçu par les Français est, depuis quelques années, trois à quatre fois supérieur au taux réel mesuré par l’Insee. De même, les Français se plaignent volontiers du fait que leurs salaires stagnent ou progressent peu, alors qu’ils ont augmenté de plus de 2 %% l’année dernière.
Le décalage entre perception et réalité est encore plus flagrant avec l’euro. Toutes les études économiques le confirment : l’impact du passage à la monnaie unique européenne s’est limité à un glissement de l’indice des prix de 0,1 à 0,2 %%. Pourtant, les Français rendent volontiers l’euro responsable de l’inflation et, dans un sondage datant de 2011, un sur trois souhaitait même sortir de l’euro et revenir au franc. Comment expliquer une telle méfiance, particulièrement nette dans les classes populaires ? L’une des idées sous-jacentes consiste peut-être à considérer que l’appartenance à l’Euroland entraîne de lourds sacrifices financiers pour aider certains Etats en difficultés. Mais alors quid de la solidarité ?
Il faut surtout déplorer que trop de responsables politiques se défaussent de leurs responsabilités en incriminant la bureaucratie européenne ou les contraintes induites par un euro fort.