Jean-Jacques Barbaux, Pouvez-vous nous présenter le Département que vous présidez ?
La Seine-et-Marne est pour deux tiers rural et un tiers métropolitain. C'est un exemple de mixité. En Seine-et-Marne, je crois pouvoir dire que cette diversité est notre caractéristique. Nos territoires ne s'opposent pas, ils se complètent.
C'est un département à la démographie dynamique, en effet, nous accueillons chaque année plus de 12 500 nouveaux habitants. La Seine-et-Marne possède un patrimoine exceptionnel au travers duquel toute l'histoire de France se visite. Potentiel humain, potentiel agroalimentaire, potentiel culturel, potentiel touristique : nous avons sous nos pieds et devant nous tous les ingrédients de la réussite, à condition que nous sachions en tirer le meilleur.
Vous évoquez souvent la nécessité de fédérer les acteurs économiques et institutionnels. Quelle forme cela peut-il prendre ?
Le Département a une mission, qui n'est pas nécessairement celle que lui confère la loi, mais qui tient à son rôle d'assemblier. Parce qu'il a une connaissance fine du territoire. Parce qu'il peut établir avec ces derniers le bon niveau de collaboration, de manière à asseoir les politiques publiques les plus pointues.
Force est de constater que de nombreux acteurs institutionnels et économiques qui interviennent en Île-de-France ne travaillent pas en synergie.
Laisser moi prendre un exemple dans le champ économique, par le prisme du manque d'adéquation entre les besoins des entreprises et la formation de la main-d'œuvre seine-et-marnaise.
Qui mieux que le Département peut établir un diagnostic de son propre territoire afin d'éclairer la Région en charge des politiques de formation sur l'adéquation des bassins de formation à la réalité des bassins d'emploi ?
Je souhaite créer et mettre à disposition des territoires une agence d'ingénierie territoriale, une agence technique qui aidera les communes et les intercommunalités à faire émerger leur projet de territoire et à les mener à bien.
Dans le même esprit, un des premiers enseignements qui sera tiré de ce livre blanc, c'est la création d'une agence d'attractivité qui réunira les experts du Département en matière de développement économique et ceux du domaine touristique.
S'agissant du tourisme, comment entendez-vous développer l'attrait de la Seine-et-Marne ?
C'est bien chez nous en Seine-et-Marne et nulle part ailleurs que toute l'histoire de France se visite au travers d'un patrimoine exceptionnel.
Il nous faut créer une marque forte qui indique que toute l'Histoire de France se visite en Seine-et-Marne. Il faut resserrer les liens entre les lieux pour mieux valoriser notre offre touristique. En Seine-et-Marne, le tourisme ce sont 39 000 emplois. Cela mérite une politique offensive, innovante. Je veux que la Seine-et-Marne engage une politique ambitieuse de marketing territorial. Il faut oser la Seine-et-Marne en tant que produit d'appel pour des touristes français et étrangers qui vont venir - et revenir - consommer chez nous.
La Seine-et-Marne est un grand et vaste département dans lequel les enjeux de mobilité sont importants. Pour vous quel est l'avenir des transports dans votre département ?
Je crois qu'il faut faire passer la route du statut de tabou à celui d'atout. Pendant trop longtemps la voiture a été mise à l'index. Mais en Seine-et-Marne la voiture est une nécessité. Il n'est pas rare de devoir prendre sa voiture pour aller acheter une simple baguette de pain. Il faut donc mettre l'accent sur la qualité et sur la sécurité de la route. Ce travail est commencé. Il se poursuivra.
Pour coller à la réalité de notre territoire qui n'est pas desservi partout par le RER, il faut absolument irriguer nos villes et nos villages par un dispositif de transport à la demande. C'est une révolution pour la mobilité des Seine-et-Marnais.
Et puis l'avenir c'est l'intermodalité : pouvoir développer le covoiturage, se garer à proximité des gares, organiser une desserte ferroviaire efficace du nord au sud.
Et puisque les Seine-et-Marnais sont pour beaucoup d'entre eux condamnés à passer beaucoup de temps dans les transports, nous travaillons à des gares nouvelles générations : véritables lieux de vie et de services. Là encore, cela oblige à faire du lien entre les acteurs institutionnels, économiques, sociaux dont les enjeux complémentaires se rejoignent et s'alimentent les uns les autres.
Le Département est résolument tourné vers de nouvelles mobilités, un nouvel urbanisme. Comment concilier ces pratiques avec la préservation de l'environnement ?
La Seine-et-Marne est le territoire par excellence où se côtoient ruralité et ville nouvelle.
L'objectif, dans un département qui prend 12 500 habitants par an, c'est d'accompagner ce développement tout en préservant identité et qualité de vie.
Là aussi il faut innover. Il y a en Seine-et-Marne des sites de recherche sur la ville de demain, sur les nouveaux matériaux. Je veux mobiliser ces universités, ces clusters et leur offrir des sites grandeur nature pour que l'expérimentation soit au service des Seine-et-Marnais et faire demain de la Seine-et-Marne la vitrine nationale de la ville durable.
Parmi les expérimentations, vous avez un projet : la plate-forme de circuit de proximité. Pouvez-vous nous en parler ?
En effet, cette plate-forme de circuits courts doit alimenter les demi-pensions des collèges seine-et-marnais qui servent des millions de repas par an mais qui s'approvisionnent en dehors du Département pour la plupart.
Il faut mettre en place, une plate-forme de circuit de proximité afin de fournir aux cantines des 127 collèges publics et celles des 57 lycées des produits locaux.
Il s'agit là de créer une véritable filière de transformation et de conditionnement sur le territoire. C'est une manière de diversifier la production agricole, de soutenir les professionnels, de créer des emplois et d'apporter encore plus de qualité dans l'assiette des jeunes seine-et-marnais.
Quels sont les projets actuellement en pointe ? On parle notamment d'un « parc Napoléon » ?
Nous travaillons intensément sur ce parc Napoléon avec Yves Jégo (député-maire de Montereau-Fault-Yonne, ndlr) et des investisseurs chinois. Un très prochain accord devrait permettre de créer un complexe semblable au Futuroscope, innovant, et bien sûr en lien très étroit avec le château de Fontainebleau. Nous oublions trop souvent qu'il s'agit du seul château de France où séjournèrent 36 rois et trois empereurs.
Nous sommes, par ailleurs, candidats à l'Exposition universelle de 2025 avec Val d'Europe Agglomération. Le département soutient fortement cette candidature. Enfin, la ville de Vaires-sur-Marne est prête à recevoir les épreuves de canoë-kayak en eaux vives pour les JO 2024.
À propos de…
…DE L'EDUCATION
Nous allons construire cinq à sept collèges pour mailler un peu plus le territoire et réduire les temps de transport. Collèges que je ne veux plus voir au-delà de 600 élèves… Projets arrêtés : Vulaines-sur-Seine, Jouy-le-Châtel, Coubert, bassin de Villeparisis et Chelles.
…DE LA DESERTIFICATION MEDICALE
Malgré la proximité de Paris, nous sommes le 95e département au niveau de la démographie médicale. Nous perdons en moyenne 75 médecins généralistes par an et nous arrivons péniblement à en trouver 30. Nous devons développer un enseignement universitaire dédié en Seine-et-Marne.
…DU PARC DE LOGEMENTS
Le parc de logement est très important en Seine-et-Marne. Il a besoin d'être rénové et développé. Nous souhaitons donc mettre en place une plateforme locale de rénovation énergétique.