« Nous avons déployé 1 500 km de fibre sur ce territoire, qui était à l'époque le plus grand réseau d'initiative publique (Rip) ». Étienne Dugas, président de la Firip, n'était pas peu fier de fêter dernièrement les 5 ans de cette institution, au cœur d'un « vrai site industriel », celui de Silec General Cable, à Montereau-Fault-Yonne.
Antoine Darodes, directeur de l'agence du numérique et représentant Julien Denormandie, secrétaire d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, a estimé également que la Seine-et-Marne était un territoire pionnier et « de pionniers ».
En effet, outre l'installation avant-gardiste d'un Rip, Ariel Turpin, alors chef du service de l'aménagement numérique au conseil général, avait été nommé en 2013 à la Mission nationale sur le très haut débit. « C'est ici qu'est la source de la magie de la fibre », a poursuivi Antoine Darodes. On constate concrètement ce que cela signifie pour les industriels, les emplois locaux. »
L'entreprise, 3e câbleur mondial, dotée de 1 200 salariés dont 900 répartis sur les 40 hectares du site de Montereau-Fault-Yonne, fêtait également ses 85 ans. Intégré au groupe General Cable en 2005, Silec Cable a mené une campagne d'investissements de 100 millions d'euros, pour disposer aujourd'hui de sept lignes de production de fibre optique.
Marie-Thérèse Blanot, directrice générale de Silec Cable, Shruti Singhal, vice-président, président pour l'Europe de General Cable.
Près de 4 millions de kilomètres de fibre ont été produits en 2017 et 5 millions sont prévus l'an prochain, grâce à la dernière ligne qui a été inaugurée lors de cet anniversaire. « Pour accompagner cette croissance, nous formons chaque année en interne une promotion d'opérateurs de production, a rappelé Marie-Thérèse Blanot, directrice générale de Silec Cable. Cette année, pour la première fois, nous sommes fiers de démarrer une promotion d'agents de maîtrise. »
La chef d'entreprise n'a pas manqué de saluer l'ensemble des membres de la Firip présents pour l'occasion, des collectivités partenaires, en passant par les fédérations du secteur, les acteurs institutionnels tels que l'Arcep et l'Agence du numérique.
Plus de 200 industriels réunis
Il faut dire que depuis sa naissance en 2012, la Fédération est parvenue à réunir pas moins de 200 industriels issus de la chaîne de valeur des réseaux de télécommunications. L'organisme agit notamment en faveur de l'emploi et de la formation au profit du développement du numérique des territoires en réseaux d'initiative publique (Rip) délaissés par les opérateurs privés. À l'inverse, les zones urbaines jugées plus rentables, appelées AMII, font l'objet d'une « manifestation d'intention » de la part d'opérateurs privés, qui y installent des réseaux en fibre optique Ftth (fibre jusqu'à l'abonné).
« C'est une très belle histoire qui a commencé à l'occasion de la feuille de route du Gouvernement mis en place par François Hollande », a rappelé Étienne Dugas. L'ancien président de la République, quelque mois après son élection en mai 2012, se questionnait sur le devenir du Plan France Très haut débit (THD) initié par le Gouvernement précédent.
Les objectifs du plan THD
Le gouvernement souhaite offrir le « bon très haut débit » (8 Mbits/s) pour tous en 2020, et le Très haut débit (30 Mbits/seconde) pour tous en 2022. Les acteurs privés s'engagent à couvrir les territoires urbains, soit 60 % des logements et locaux professionnels, tandis que les collectivités territoriales réunies en Rip s'engagent à couvrir les territoires ruraux, soit les 40 % restants. Plus de 50 % du territoire a aujourd'hui accès au THD. Près de 70 % des territoires urbains ont accès au très haut débit, quand les territoires ruraux dépassent à peine les 30 % de couverture.
« La filière existant, 3,5 milliards d'euros avaient déjà été investis, mais il n'y avait personne pour la représenter ni en assurer sa pérennité », a témoigné le président de Firip. Avec cinq autres membres fondateurs, Étienne Dugas va alors créer une fédération, afin de s'assurer que « le Gouvernement ne fasse pas table rase du passé » et prenne conscience des enjeux en termes de déploiement et d'emplois.
Depuis, la Firip a notamment monté un observatoire en 2013, qui avait révélé que quelque 4 000 emplois composaient le secteur en 2013 et signé un « contrat de filière » afin de préparer la formation de près de 10 000 personnes.
20 milliards d'euros investis
L'avenir s'annonce prometteur pour l'organisme, qui devrait fêter ses 10 ans sous les mêmes auspices. En effet, Antoine Darodes a annoncé que le plan Très haut débit (THD) permettra un investissement de 20 milliards d'euros sur les 10 prochaines années. L'investissement devrait profiter directement aux territoires, puisque 80 % de la main-d'œuvre et des équipements devraient y rester.
La France a d'ailleurs dépassé les 10 millions de prises Ftth raccordables et produit actuellement plus de 10 000 unités par jour ouvré, soit 2,5 millions de prises produites en 2017 et quelque 5 millions l'an prochain.
Se disant résolument optimiste pour l'avenir de la filière, Antoine Darodes a salué les efforts d'anticipation de la Silec, qui a presque triplé sa capacité de production en fibre optique. Le directeur de l'Agence du numérique a également annoncé qu'une quinzaine de marchés allaient être attribués « avec des ambitions renforcées », la plupart étant en 100 % Ftth.
Ces cinq ans passés, la Firip souhaite désormais se tourner vers les usages des réseaux de fibre et mettra à ce titre l'accent sur des projets de smart cities (villes intelligentes) et de smart grids (réseaux électriques intelligents). Le développement du modèle Rip à l'international et notamment en Afrique fera également partie des prochains défis pour la fédération.
La production de fibre optiqueLes bobines de fils de fibre optique colorées (pouvant atteindre 50 km de long), sont assemblées. Le tout est renforcé, avant d'être recouvert d'une gaine en polyéthylène (la ligne de production est prévue pour accueillir 288 fibres optiques et peut en traiter jusqu'à 864). Les 12 à 15 km de câble (selon la largeur du câble) sont ensuite enroulés autour d'énormes bobines appelées tourets de réception. Environ 600 mètres de câble sont produits par minute. Enfin, les fibres sont contrôlées manuellement par un opérateur, qui vérifie l'intégrité de 600 fibres optique en une seule journée.