Fin octobre, les pare-brises de plusieurs poids lourds circulant entre Nancy et Paris sont la cible de projectiles inconnus alors qu'ils roulent de nuit sur la Nationale 4. Constatant la taille impressionnante des impacts, leurs chauffeurs songent aussitôt à des tirs d'arme à feu. La rumeur d'un tireur se répand alors dans le milieu. La géolocalisation et les relevés téléphoniques vont mener les enquêteurs jusqu'à un homme de 54 ans, lui-même chauffeur routier travaillant sur la N4. Il est interpellé à son domicile en Meurthe-et-Moselle, mais son arsenal se révèle surprenant. En guise de "balles" sont découvertes... des billes de grosse taille (calots). « Quand le GIGN m'a arrêté, ils pensaient que j'avais des armes, ce ne sont pas des billes qu'ils cherchaient », confirme, devant le tribunal, le prévenu, licencié pour faute grave suite à cette affaire.
« En colère » contre les incivilités sur la route, le routier lançait des billes de verre sur des véhicules croisés de nuit sur la N4 et dont la conduite lui déplaisait. La frayeur ainsi causée était censée les inciter à respecter le code de la route.
Après avoir commencé par punir les véhicules récalcitrants en leur jetant des restes de nourriture, le camionneur était passé à la vitesse supérieure, au début de l'été, en achetant un sac de billes au supermarché. Il en gardait toujours deux, trois à disposition. Mais les billes ne suffisant pas, l'homme envisageait ensuite d'acheter un pistolet de paint-ball. « Il y a une espèce d'emballement, de crescendo pour arriver à l'accident mortel », constate la présidente.
Le tribunal l'a condamné à 24 mois de prison, dont 14 assortis de sursis
probatoire, et ordonné que la peine ferme soit aménagée en assignation à domicile avec bracelet électronique. Il a également interdiction d'exercer pendant cinq ans en tant que chauffeur de poids lourd.