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Comment donner une seconde vie aux déchets

Les efforts conjugués des professionnels et des particuliers doivent permettre de changer la donne en matière environnementale, pour Sébastien De Wulf, responsable de site chez Depolia. Cette société valorise et recycle les déchets des entreprises, artisans et collectivités locales à Moret-Loing-et-Orvanne. Le professionnel liste quelques « bons gestes » à effectuer, dans un département où les dépôts sauvages sont récurrents.
Comment donner une seconde vie aux déchets
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820 000 euros. C'est le coût généré par le ramassage de quelque 1 642 tonnes de déchets, dont 32 tonnes d'amiante, en bordure des routes de Seine-et-Marne par le Département en 2016. « C'est la question qui revient en premier lorsque l'on parle d'environnement dans le département », déplore Sébastien De Wulf, qui précise que si une poignée d'artisans seulement est en cause, toute une profession en ressort discréditée. Mais pour lui, le « responsable n'est pas que celui qui déverse en forêt mais aussi son donneur d'ordre, qui n'a pas vérifié que le déchet part bien dans une filière agréée ». Le producteur du déchet en est responsable jusqu'à sa bonne élimination. Or, le producteur du déchet est le client et non pas l'artisan. Il est donc indispensable, pour Sébastien De Wulf, « de bien choisir son artisan ». Ce dernier « doit exiger la bonne traçabilité des déchets ».


Responsabiliser ses achats

« Nous avons un territoire sublime, à la fois rural et proche des zones urbaines, qu'il nous faut préserver », estime ce chef d'entreprise soucieux de protéger l'environnement. Et comme pour le Smitom-Lombric, pour Sebastien De Wulf, « le meilleur déchet, c'est celui qui n'est pas produit ». En effet, des gestes simples peuvent être adoptés, notamment du côté des entreprises, pour réduire leur empreinte écologique.

S'agissant d'abord de la partie, achat, Sébastien De Wulf conseille d'acheter des matières recyclées. « Vous créez une plateforme, pour un parking par exemple ; vous avez le choix d'utiliser des matières de carrière ou des matériaux concassés. C'est un choix à faire ». Une fois ces matériaux recyclés choisis, il est également possible de supprimer les factures papier. « Les factures par mail fonctionnent très bien, c'est un gâchis énorme », rappelle-t-il.

Les bons gestes à adopter

Sébastien De Wulf évoque les matières qu'il faut « absolument recycler », leur quantité sur terre étant limitée. Il peut s'agir des métaux, qui, au contraire du pétrole ou du bois, ne peuvent pas se reconstituer avec le temps. Ces matières ont en outre une valeur, les particuliers comme entreprises ont la possibilité de se présenter « chez le ferrailleur » pour les revendre (vieux portail en métal, hangar agricole…).

Le responsable de Depolia cite également les « vieux onduleurs ». « Le gros du poids de cet objet, c'est la batterie au plomb, qui a une valeur importante. Nous rachetons les batteries 55 centimes du kilo. Autre exemple : vous refaites votre installation électrique, les câbles électriques valent 1,60 euro le kilo ». Ce bon geste permet d'éviter que ces matières soient incinérées, puis perdues. « Mettre du plomb dans un incinérateur, c'est une ineptie, vous perdez le métal, qui en outre se retrouve dans les résidus qui partent en décharge ».

D'autres matières sont plus aisément recyclables lorsqu'elles sont séparées, comme le bois, le carton, ou encore les emballages à usage unique. « Le bois est plus facilement recyclable s'il a été trié en amont ». Dans la même veine, les archives peuvent être triées (avec le carton d'un côté et le papier de l'autre). « Et c'est gratuit », précise Sébastien De Wulf, qui envoie ensuite ce produit à la papéterie Arjo Winggins, basée au Mans.

Les téléphones portables, qui contiennent des matériaux précieux, sont triés puis envoyés au recyclage par Depolia. « Les entreprises en ont plein leurs tiroirs et ces objets ont une valeur », souligne l'entrepreneur, ajoutant que les éléments polluants sont essentiellement l'écran et la batterie. Les cartes électroniques, les connecteurs, les terres rares retournent quant à eux dans le cycle de production. Le mobilier peut aussi être fabriqué maison, selon Sébastien De Wulf. « Cela évite de les transporter depuis l'autre bout du monde ».

S'agissant des déchets dangereux que l'on trouve au bord des routes, Sébastien de Wulf cite les emballages souillés. « Il faut les retrier et ne pas mélanger les produits comburants, comme les chlorates de soude. Puis cela part en préparation pour les cimenteries ». Même chose avec l'amiante, un matériau « miracle » dans les années 1960, parce que « made in France, facile à utiliser, bon isolant et ignifuge ». « On en a mis partout, dans les joins du carrelage, les toitures, les disques de freins, parce que c'est une pierre présente dans la nature, qui est facile à broyer », ajoute Sébastien de Wulf, qui précise que Depolia les reprend avant de les envoyer à l'enfouissement. « Cela coûtera de plus en plus cher à les traiter ».

Un cercle vertueux

Pour les véhicules d'entreprise, Sébastien de Wulf estime qu'il est nécessaire de les entretenir le plus longtemps possible, afin de limiter les achats. « Les émissions de CO2 pour produire un camion, c'est 100 tonnes, avant même les trajets qui émettent également ». D'où la nécessité de travailler avec des prestataires proches du client, selon Sébastien de Wulf. « Cela compte pour moi de travailler avec des filières locales, de sortes que les déchets ne voyagent pas trop loin. Mes clients sont également sensibles à ce que notre entreprise soit proche de leur établissement, tant du point de vue du service qu'au niveau environnemental ». En autre exemple de développement durable, Depolia dispose de deux véhicules électriques pour ses salariés.

Pour le responsable, tout un chacun a la capacité de travailler à la protection de l'environnement, notamment par la réduction de son empreinte écologique.

« Mon bonheur ce serait d'avoir des usines partout en France qui consomment les matières recyclées que je produis. Aujourd'hui, elles sont peu nombreuses à le faire », conclut Sébastien De Wulf.

Des comportements passibles de sanctions

Selon le guide pratique de Lutte contre les sites illégaux et les trafics associés de la Federec (Fédération professionnelle des entreprises du recyclage), un “site illégal” (aussi appelé chantier clandestin ou site sauvage) est une exploitation sur laquelle transitent ou sont transformés des flux de déchets bien souvent illégaux (trafics illicites, recel de métaux, achats en espèces de métaux, etc.), de manière illégale, c'est-à-dire sans disposer des autorisations environnementales nécessaires (autorisation d'exploiter ou agrément). Pour la Federec, ces sites « prospèrent en marge de la réglementation sur la base d'infractions répétées aux normes environnementales » et sont « bien souvent, en transgression vis-à-vis des règles sociales, douanières et/ou fiscales. La violation des dispositions environnementales étant la transgression « la plus manifeste », l'action de la fédération contre ces comportements estime donc qu'il s'agit d'un « angle d'action privilégié pour lutter contre ces trafics ». Les sites exploitant des déchets, comme Depolia, sont des Installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Les préfectures doivent avoir autorisé leur activité. La fédération rappelle ainsi que les amendes pour les personnes physiques en cas d'exploitation sans déclaration peuvent aller jusqu'à 1 500 euros d'amende et 7 500 euros pour les personnes morales. L'exploitation sans enregistrement et autorisation est quant à elle sanctionnée de 75 000 euros d'amende et un an de prison pour une personne physique, et en cas d'attente grave la sanction peut atteindre 150 000 euros et trois ans de prison. Les personnes morales risquent ,quant à elles, 750 000 euros d'amende.

Particuliers ou professionnels ?

Dépolia rappelle sur son site que les communes prennent en charge le traitement des déchets de leurs administrés dans les déchetteries communales, à travers certains organismes, comme le Smitom-Lombric. « Ces lieux sont réservés et adaptés aux particuliers mais interdits aux artisans et entreprises qui doivent garantir la traçabilité, décharger rapidement de plus grandes quantités de déchets et payer pour leur destruction ».

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