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Christophe Lenormant : « Mettre l'économie au service de l'humain »

Christophe Lenormant, président de la section Meaux Marne-la-Vallée du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD), est ingénieur de formation. Il a un temps laissé de côté l'entrepreneuriat, avant d'intégrer le groupe Lenormant, géré en famille depuis quatre générations. Aujourd'hui président de l'entreprise Garage Central à Mareuil-lès-Meaux, distributeur et réparateur de la marque Renault Trucks, Christophe Lenormant dirige la partie seine-et-marnaise du groupe (poids lourd, BTP, manutention, distribution et pneumatique). Développant la vision humaniste du CJD, il en détaille les valeurs fondatrices et défend un entrepreneuriat territorialement engagé.
Christophe Lenormant dirige la partie seine-et-marnaise du groupe familial Lenormant.
Christophe Lenormant dirige la partie seine-et-marnaise du groupe familial Lenormant.

ActualitéGrand témoin Publié le ,

Dates clés

2017 : Président de la section Meaux Marne-la-Vallée du CJD

2013 : Intègre le CJD

2008 : Président de Garage Central

1999 : Entrée au sein du groupe familial Lenormant

Pourquoi avez-vous intégré le CJD en 2013 ?

Le CJD est une association de chefs d'entreprise, qui a pour objectif de nous aider à nous améliorer en tant que managers et en tant que dirigeants. La performance managériale est un élément important du développement de nos entreprises. J'ai ressenti le besoin de m'y atteler pour changer ma façon de faire et progresser. Nous avons tendance à former nos équipes, mais souvent, on s'oublie soi-même. Alors qu'une entreprise performante, c'est aussi un manager, un dirigeant performant. J'ai donc pris contact avec le CJD et découvert des valeurs auxquelles j'ai adhéré, ce qui m'a permis d'évoluer au sein du bureau de la section Meaux Marne-la-Vallée.

Qu'est-ce qu'être un jeune dirigeant ?

Statutairement, il faut avoir moins de 45 ans pour briguer la présidence. Mais plus généralement, il n'existe pas de limite d'âge pour adhérer au CJD. Être jeune dirigeant, c'est considérer qu'on a encore beaucoup de choses à apprendre. Certains de nos membres sont prêts à prendre leur retraite, tandis que d'autres sont âgés de 30 ans. Ce qui fait la « jeunesse » au CJD, c'est la volonté d'apprendre et d'échanger.

Quelles sont ces valeurs ?

Au CJD, nous souhaitons mettre l'économie au service de l'humain et non l'inverse. Cela se traduit par une politique basée sur du long terme, une implantation cohérente. Pour nous, tout ne peut pas être fait à n'importe quel prix.

Ces valeurs sont donc partagées par le CJD national et notre section. Nous avons d'ailleurs une formation à l'entrée, intitulée « valeurs et performances », qui permet à chaque nouvel adhérent de vérifier sa compatibilité avec nos idées. Le CJD n'est pas un réseau dédié au business, d'autres associations existent pour cela. Il n'est pas non plus un syndicat professionnel. Le CJD permet à ses adhérents de grandir, de progresser avec différents outils et différentes méthodes. Nous bénéficions à ce titre de formations de très grande qualité au niveau régional, avec trois forums annuels. Nous mettons également en place des groupes de travail/commissions où nous échangeons sur nos problématiques et partageons nos points de vue sur différents domaines. Nous organisons également tous les mois des réunions plénières, où nous traitons d'un thème particulier tel que « donner un temps d'avance à notre entreprise ».

Le CJD Nord Seine-et-Marne en chiffres

-30 jeunes dirigeants

-385 salariés

-58 millions d'euros de chiffre d'affaires

-20 % de femmes

Pour rejoindre le CJD: meaux@cjd.net

C'est aussi un moyen pour vous de souffler ?

Oui, cela nous permet de lever la tête du guidon, de prendre du recul, nous n'avons pas beaucoup d'opportunités pour le faire. En tant que patrons de PME, nous avons à gérer l'urgence au jour le jour. Sauf que le rôle du dirigeant est aussi de voir où il se dirige, de définir quelle est sa stratégie d'entreprise et comment il va la mener. Au CJD, nous nous donnons ces moments. Nous ne jugeons pas de la pertinence des propos des adhérents, nous échangeons nos points de vue et cherchons à faire germer de nouvelles idées.

L'humain est donc au centre de vos échanges ?

Exactement, la section Meaux Marne-la-Vallée compte 30 jeunes dirigeants pour 385 salariés au total. Des TPE/PME d'une personne côtoient des entreprises plus importantes d'une centaine d'employés, le tout dans une variété de secteurs. Nous prenons conscience que les problématiques d'un JD (jeune dirigeant) sont très souvent partagées par l'ensemble des adhérents, ce qui nous permet de mettre en place de nouvelles idées et de bonnes pratiques. C'est ce qui fait la richesse de nos échanges dans les sections.

En outre, chaque membre du CJD fait partie d'une commission, en plus des plénières où nous sommes quelque 30 personnes. Chacun développe son point de vue et échange, en respectant certaines règles. Par exemple, la bienveillance implique que l'on ne cherche pas à démonter la parole d'un adhérent mais à construire avec lui. La règle de confidentialité est également importante, elle nous incite à faire remonter nos problématiques en toute transparence et sans arrière-pensées. Ainsi, nous cassons l'isolement du chef d'entreprise. On ne trouve pas ce genre d'échanges hors du CJD. Certaines choses ne peuvent pas être partagées avec nos salariés, nos clients ou nos fournisseurs.

Accueillez-vous des créateurs d'entreprises ?

Oui, bien sûr. Le projet doit toutefois être mûri et avancé. Il existe une cotisation spécifique pour les créateurs d'entreprises, dont le prix est réduit. C'est selon mon expérience une bonne initiative, j'ai moi-même mis du temps à rejoindre le CJD. Avec le recul je peux dire que j'aurais gagné à y entrer beaucoup plus tôt. À titre d'illustration, l'un des membres de notre section était au départ salarié d'un grand groupe. Suite à la fermeture de son service de maintenance, il a souhaité reprendre cette activité et continuer de répondre aux besoins de ses clients. L'accompagnement du CJD a été précieux pour lui et se poursuit aujourd'hui.

Accompagnez-vous également les repreneurs ?

Effectivement, le métier de chef d'entreprise est passionnant mais compliqué. Or, il n'y a pas d'école. La seule école, c'est le CJD. Il s'agit du seul endroit où l'on va pouvoir se former, partager ou expérimenter. Les idées foisonnent et nous les testons. Le CJD national a par exemple mis en place le CJDesk, un dispositif qui fait appel à tous les JD de France. Il s'agit de mettre à disposition des locaux vacants, gratuitement, à tout créateur d'entreprise de trois mois à un an. Le but étant de développer le tissu économique de nos régions et de nos secteurs de façon harmonieuse.

Votre section est plutôt dynamique…

Nous constatons en effet un fort dynamisme économique, l'ensemble des membres a l'air satisfait. Je ressens pour ma part un dynamisme important au sein de ma structure et parmi mes clients, notamment grâce à l'apport du Grand Paris et de ses chantiers qui nous touchent directement. C'est plutôt une bonne nouvelle, puisque cela va durer et apporter de l'activité pour l'ensemble de notre secteur. De même, les deux locomotives que sont l'aéroport de Roissy et Disneyland Paris touchent directement ou indirectement l'ensemble des entreprises de notre secteur.

Quel regard portez-vous sur le département dans son ensemble ?

Il est vrai que nous avons un département à deux facettes, avec une Seine-et-Marne traditionnelle dont les deux centres historiques sont Meaux et Melun, puis toute la zone qui a connu un fort développement économique sur la partie ouest de cette ligne, composée de villes nouvelles issues du développement de la capitale. On trouve aussi une partie plus provinciale, dotée d'une activité plus rurale, mais tout aussi riche et passionnante. Vivre dans cette région est vraiment stimulant. Chaque secteur apporte sa pierre à l'édifice et contribue au développement harmonieux de l'activité économique de l'entier département.

Quels sont vos liens avec les autres réseaux et institutions publiques ?

Nous avons des contacts ponctuels avec des réseaux comme Plato, lors de manifestations communes. Certains de nos membres font partie du BNI ou encore du Medef. Le CJD est une association apolitique. Nous participons aux réflexions autour certains processus gouvernementaux, mais nous ne soutenons pas de parti politique. Aussi, nous avons participé à certains événements conjointement avec l'UPEM (Université Paris Est Marne-la-Vallée), pour développer l'entreprenariat au sein de la jeunesse.

Quel a été la nature de ces partenariats ?

Nous avons participé à deux types de manifestations. Certains jeunes dirigeants ont accompagné des jeunes pousses et plus ponctuellement nous avons fait partie du jury lors de l'action « Tous connectés ». Les étudiants proposaient un dossier de création d'une start-up en lien avec internet. Cette initiative a permis de connecter le monde des PME de notre secteur avec des projets d'étude très concrets et de très bonne qualité. Nous avons apporté notre connaissance de dirigeant et les étudiants nous ont transmis leur enthousiasme et leurs idées.

Vous êtes président depuis trois mois. Comment abordez-vous votre mandat de deux ans ?

Avec Cyril Challet, notre vice-président, nous avons décidé d'axer notre animation sur le thème « allons au-delà de nos limites de dirigeant ». Il arrive que nous restions bloqués sur certains sujets et le simple fait de partager permet de libérer ces situations. Nous avons eu cette année des plénières comme « voir plus loin » ou « la rupture dans la stratégie d'entreprise », nous menant à nous questionner sur nos fonctionnements respectifs. La RSE (responsabilité sociétale des entreprises) est également très présente au sein du CJD, elle est d'ailleurs dans l'ADN des PME.

C'est l'une des différences pour moi entre les grands groupes et les PME. Nous avons en général un regard plus humain, nous vivons au contact de nos équipes au quotidien et développons une vision sur le plus long terme. Le groupe Lenormant existe depuis quatre générations et je souhaite que cela continue. Pour cela, on ne peut pas se permettre de faire n'importe quoi au niveau de la société, du contexte, de l'environnement et de tous les impacts générés par l'entreprise. Il n'est pas nécessaire de faire une révolution, quelques actions ponctuelles suffisent, comme lors notre implication auprès des étudiants de l'UPEM.

Que diriez-vous à un entrepreneur qui souhaiterait vous rejoindre ?

Le plus important, c'est de prendre conscience qu'être chef d'entreprise ne se résume pas à des connaissances techniques et économiques. C'est aussi une capacité à manager, à avoir une vision stratégique. Il est extraordinairement difficile de prendre un recul suffisant, surtout lorsque l'on débute. Le CJD est une opportunité unique de le faire, d'apprendre, de progresser ou de faire une pause. Le chef d'entreprise doit prendre soin de ses salariés, de son entreprise, de ses clients et de ses fournisseurs, mais personne ne prend soin de lui. Il est donc important pour lui de partager.

C'est aussi une façon de gagner du temps, du fait de l'expérience de tous les autres dirigeants. Il est possible, au CJD, d'apprendre en une soirée ce que l'on aurait mis deux ans à intégrer… On se rend compte de problématiques et solutions que l'on n'aurait jamais identifiées. Bénéficier du point de vue de 30 personnes permet d'appréhender un problème à 360 degrés. Un JD qui vient de quitter la section y était entré avec une seule idée en tête : reconstruire une entreprise, mais sans salarié, suite à une aventure malheureuse. Après sept ans au CJD, il est devenu patron de trois entreprises employant 30 personnes, en créant tout de A à Z ! Cet adhérent a compris ce qu'il pouvait corriger pour que son projet connaisse un développement harmonieux. C'est tout ce qui fait la richesse du CJD. Je me sens moi-même différent d'il y a quatre ans. Ma façon de gérer l'entreprise n'est plus la même. J'ai identifié là où je devais progresser et j'ai débusqué certaines erreurs, même s'il reste du travail à faire !

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