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Aude Luquet, députée « porte-voix » de la 1re circonscription

Livrant un bilan de cette première partie de mandat, entre mobilité, attractivité et sécurité, Aude Luquet insiste sur sa volonté de rester proche de ses administrés et de leur quotidien.
Aude Luquet, députée « porte-voix » de la 1re circonscription

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Seine-et-Marnaise et Melunaise depuis toujours, Aude Luquet est la députée MoDem de la 1re circonscription de Seine-et-Marne. Bercée par la politique depuis son plus jeune âge, elle a pris sa première carte en 1996, au sein d'un parti appelé alors Force Démocrate. Elle a longtemps travaillé au service de collectivités, récemment pour la communauté de communes Brie des Rivières et Châteaux, en tant que directrice générale des services, avec la conviction « qu'être élu n'est pas un métier ». Un engagement au service du citoyen qu'elle a souhaité prolonger, lorsqu'elle a été sollicitée pour représenter les Français à l'Assemblée nationale.

Quelles ont été vos premières impressions lors des élections ?

Les premiers temps, il est vrai que c'est impressionnant. Nous ressentons toute la responsabilité et l'honneur de pouvoir représenter les habitants de notre circonscription et les Français à l'Assemblée nationale. Cela fait partie de mon chemin politique, je me suis engagée il y a plus de 20 ans. Comme dans toute profession, il y a temps d'adaptation : le rythme est très soutenu, nous avons beaucoup de séances de nuit. L'avantage, avec une expérience au niveau local, c'est que l'on sait comment fonctionne une collectivité et quelles sont les problématiques des maires, notamment celles des maires ruraux.
Ma circonscription est à la fois très urbaine et très rurale. L'idée, c'est de se nourrir de ce qui peut se passer localement pour réfléchir et faire des propositions au niveau national.

Comment concilier ces aspects à la fois urbains et ruraux, présents dans le département ?

La difficulté, c'est que l'on aura des réponses différentes selon le type de commune. S'il s'agit d'une commune comme Melun ou d'une commune du Sud de la circonscription, les enjeux divergent, sur l'aspect des mobilités notamment. Nous allons réfléchir sur une loi en la matière. Il faut apporter des alternatives aux personnes qui ont besoin de prendre leur véhicule tous les jours. En tant que Melunaise, je passe mon temps à pied, je vais à l'Assemblée en train… L'Ouest de la Seine-et-Marne est extrêmement urbanisée et très dense ; l'autre partie est très rurale, à l'Est et au Sud. Et il est vrai qu'il faut prendre en compte ces éléments.

Autre exemple : dans le Sud de ma circonscription, comme à Chelles, nous avons plus de problématiques liées à la cabanisation qu'à Melun. Les communes urbaines ont aussi d'avantage de problèmes liés à la sécurité. Mais justement, l'avantage de ma fonction de député, c'est qu'il est possible rencontrer les forces de sécurité, d'échanger et de traduire cela au niveau national en interpellant les ministres.

D'autant que le mouvement des gilets jaunes a démarré en Seine-et-Marne…

Il y a des choses qui vont évoluer dans les jours qui viennent. Je peux comprendre que lorsqu'une personne a un niveau de vie relativement bas, elle n'a pas les moyens de changer de véhicule, malgré la prime proposée. Il faut que nous prenions en compte un certain nombre de catégories de citoyens qui ont d'autres contraintes. C'est quelque chose qui va être entendu.

Quels sont les principaux combats que vous avez menés par ailleurs ?

Je parlerais plus de projets que de combats. Il faut prendre les choses avec humilité. À notre arrivée à l'Assemblée nationale, nous apprenons que nous ne pouvons pas nous disperser. Il n'est pas possible de traiter tous les projets de loi et il faut se spécialiser. Nous bénéficions d'une aide par le biais des ministres, de manière à pouvoir porter notre projet au niveau national.

Il y a notamment eu la réflexion autour du projet de déplacement du centre de détention de Melun. Je suis allée à la rencontre de la ministre de la Justice (Nicole Belloubet, N.D.L.R.) sur le sujet. C'est un dossier, qui n'avait pas forcément abouti. Je reconnais le travail qui a été fait par les élus locaux, il ne s'agit pas de dire que j'invente ou que je recrée.

Cela pourrait contribuer à redonner de l'attractivité à cette ville-préfecture. C'est un sujet qui m'importe en tant que Melunaise. Je connais par cœur cette ville et je sais aujourd'hui qu'il y a nécessité de retrouver une dynamique sur le territoire entier et pas uniquement à Melun.

Qu'entendez-vous par « redonner de l'attractivité » ?

C'est la problématique du peu de vie nocturne, de la situation des commerces (comme dans d'autres villes), des places de parking. Je souhaite qu'un cercle vertueux se crée, en attirant notamment des catégories socioprofessionnelles aisées que nous n'avons pas. Les personnes qui auront les moyens vont consommer, ce qui permettra de véhiculer quelque chose de positif auprès des locaux et de créer un cercle vertueux sur l'ensemble de la collectivité. Il y a nécessité à proposer une offre de qualité et de faire en sorte que le panier moyen soit différent de ce qu'il est aujourd'hui. Il faut que nous parlions de Melun en positif, réfléchir sur les déplacements, la circulation, les transports, à l'échelle du territoire.

J'avais notamment sollicité en questions au Gouvernement, auprès de Nicolas Hulot, l'interdiction de la traversée de la forêt de Fontainebleau par les poids lourd, en lien avec le maire de Fontainebleau (Frédéric Valletoux, N.D.L.R.), et le maire de Dammarie-les-Lys (Gilles Battail, N.D.L.R.). Il s'agit de 4 000 camions par jour. On sait qu'il existe un problème d'environnement et on laisse 4 000 camions circuler à travers la forêt de Fontainebleau et le centre de Melun. Soyons actifs !

La mise en accessibilité de la gare de Melun fait-elle aussi partie de cette problématique ?

La loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées date de 2005. À partir de là, on peut se demander pourquoi la gare n'a toujours pas été mise en accessibilité. Elle voit passer 40 000 voyageurs par jour. Aujourd'hui si on vient à Melun, c'est parce que c'est à 25 minutes de Paris et la gare n'est toujours pas accessible aux personnes à mobilité réduite, aux personnes, âgées, aux poussettes, aux cyclistes… La mise en accessibilité est annoncée pour 2024-2025, soit près de 20 ans après la loi.

En tant que valides, nous avons une chance phénoménale et globalement je trouve qu'il y a nécessité d'être porte-voix. C'est aussi le rôle des élus. C'est dans ce cadre que j'ai rencontré l'association SOS Usagers et l'association APF (Association France handicap, N.D.L.R.) pour mettre en place cette mobilisation sur la gare de Melun.

Le maire, Louis Vogel, vous a rejointe…

C'est très bien, plus le nombre d'élus est important, mieux nous pourrons porter cette revendication d'égalité sociale entre les citoyens qui veulent utiliser le train. La gare de Melun n'est pas la seule dans ce cas, mais on nous explique que le pôle gare devant voir le jour dans quelques années, rien ne peut être fait à l'heure actuelle. Je pense qu'il faut être plus ingénieux et faire en sorte d'intégrer l'accessibilité en amont des travaux.

Toujours concernant l'attractivité, avez vous agi sur la question sécuritaire ?

Oui, notamment avec la loi Rodéo, qui a été présentée et portée par Jacqueline Gourault, à l'époque ministre d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur. Elle est venue cet été pour constater l'effectivité de cette loi. Je crois que la question de la sécurité est une préoccupation importante et majeure de nos concitoyens. On s'aperçoit qu'il y a une dégradation dans certains quartiers. Je pense notamment au jeune homme tué récemment devant la clinique Les Fontaines, à Melun. Là aussi, il y a nécessité d'aller trouver des solutions à ce niveau. J'avais envoyé un courrier à Gérard Collomb, pour attirer son attention sur cette situation de recrudescence de la délinquance liée au trafic de stupéfiants.

Il y a une réflexion à mener sur le déploiement de la vidéoprotection et afin de savoir si le territoire peut être placé en quartier de reconquête républicaine. Je suis allée au ministère de l'Intérieur il y a peu, où j'ai rencontré un conseiller du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. Nous avons évoqué ces sujets-là et nous allons faire le lien. Notamment avec Louis Vogel, que je vais resolliciter sur le sujet.

Ce travail peut-il aussi passer par des structures telles que Fidamuris (une association de développement économique et social) ?

Oui, notamment. Il faut toujours avoir une pensée globale. Aujourd'hui, le problème de la sécurité est très lié à celui de l'aménagement du territoire, du peuplement, et de l'emploi. On doit avoir une réponse multiple. La régie de quartier c'est un élément de réponse, je suis en lien avec le directeur de Fidamuris, Patrick Plessier. Il y a aussi
l'aspect éducation à prendre en compte. Je vais souvent dans les classes et j'apporte mon soutien à “Tous en stage”. Dans ce dispositif, durant une semaine de stage, les enfants vont dans quatre entreprises différentes. Cela peut aussi se faire auprès d'institution comme la police nationale ou la gendarmerie. Cette initiative est importante et il faut la soutenir. Le collège Les Capucins à Melun va pouvoir en bénéficier, ainsi que le collège Georges Politzer à Dammarie-les-Lys. Au total, une quarantaine de jeunes sera touchée en février et avril prochains.

Pourriez-vous revenir sur vos interventions auprès des entreprises ?

L'idée était de travailler en amont de la loi Pacte, de rencontrer les entreprises par l'intermédiaire du Medef Seine-et-Marne, de la FFB Île-de-France Est, de la Chambre des métiers et de l'artisanat, pour échanger sur les textes de loi. Il y a ensuite eu un échange et des propositions d'amendement. En fonction de ce qui est proposé, l'amendement est porté ou pas. Il est possible de déposer un amendement seul ou avec son groupe. Mais il est important de pouvoir entendre les professionnels, qui sont plus compétents que moi, de manière à pouvoir défendre les amendements qui me paraissent pertinent pour développer leur activité. Je rencontre aussi des associations de dirigeantes, comme les FCE 77 (Femme chefs d'entreprise) ou encore Dirigeantes Actives, on y trouve des synergies intéressantes, un relationnel très agréable.

Aujourd'hui, la question qui revient est en relation avec la loi Pacte, c'est le problème du recrutement. Il faut mettre en adéquation les besoins des entreprises et les formations. Il existe un vrai besoin en la matière sur certains métiers. Je mène ce travail avec les présidents Jean-Marc Sereni, Thierry Fromentin et Elisabeth Détry.

Je suis toujours à la disposition de toutes les entreprises.

Outre le recrutement, quelles problématiques reviennent le plus ?

La simplification administrative, notamment. Nous savons que c'est extrêmement complexe de créer une entreprise ou de la liquider. Il s'agit d'un vrai labyrinthe qu'il nous faut simplifier. La question de la fusion des instances représentatives du personnel est souvent revenue sur la table. De même que la question de la commande publique et des délais de paiement. Je l'ai moi-même vécu lors de la création d'une intercommunalité qui en regroupait cinq. Nous avons parfois payé tardivement et c'est problématique pour les entreprises.

Quelles sont vos projets pour la suite de votre mandat ?

Le projet du centre de détention n'est pas aujourd'hui totalement acquis. Il y a une proposition de création d'un nouvel établissement pénitentiaire. Pour autant, le déplacement n'est pas acté. J'avais précisé à la garde des Sceaux qu'il ne pourrait pas exister deux prisons à Melun. Ce n'est pas acceptable. Nous aurons des réunions au ministère de la Justice pour la suite du processus.

Ce projet de déplacement et de reconstruction est à horizon cinq-six ans. Aujourd'hui, la ministre s'est appuyée sur les propositions d'installation de la nouvelle prison émises par Louis Vogel, le maire de Melun. Il faut rester vigilant sur le sujet et nous montrer attentifs à ce que va proposer le ministère.

J'ai visité le bâtiment, où mon père a officié en tant que gardien. Je me suis rendue compte d'une certaine vétusté, le bâtiment datant de 1 808. Cela fait partie du patrimoine melunais. Pour autant, il est possible de faire autre chose de cet endroit. L'idée c'est de le faire en toute transparence : j'ai reçu les syndicats qui ont souhaité me rencontrer. Ils étaient au départ opposés au projet, pensant que je voulais fermer la prison. Je rappelle qu'une prison se doit d'être à 10 minutes d'un commissariat, d'un hôpital et d'un TGI.

S'agissant de la loi Mobilités, présentée au mois d'avril à l'Assemblée nationale, je serai chef de file pour le MoDem, c'est-à-dire porte-parole pour cette loi. Nous en parlions, il y a des éléments à prendre en compte selon s'il s'agit d'un territoire rural ou d'un territoire urbain. Et nous devons réfléchir à des propositions de mobilités nouvelles, en sachant qu'il n'y a pas eu de loi sur le sujet depuis 35 ans.

Sur la partie éducation/citoyenneté, j'aime beaucoup aller dans les classes. C'est toujours très intéressant et cela permet de rendre compte de l'action du député, mais aussi de tous les autres élus.

Sur la sécurité, c'est quelque chose qui est préoccupant et je vais poursuivre le travail engagé.

Et concernant votre travail en commission ?

S'agissant de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, nous avons auditionné le commissaire général à l'égalité des territoires, Serge Morvan. Dans le cadre du ministère de la Cohésion des territoires a été créée une agence nationale de cohésion des territoires. Aujourd'hui, ce qui est problématique pour un élu local et surtout dans les territoires ruraux, c'est qu'il existe une multitude de lois et la collectivité n'est pas constituée par des services pléthoriques. Elle n'en a pas les moyens. Donc, l'idée, c'est d'avoir un interlocuteur unique sur toutes les structures existantes (Agence nationale de l'habitat, Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, Agence nationale pour la rénovation urbaine…). Et ce, de manière à répondre plus rapidement aux élus locaux, dans le cadre de l'évolution des lois NOTRe et Maptam. On l'entend fortement, à l'instar du Congrès des maires dernièrement : les élus sont en demande de prévisibilité sur les dotations, les lois et souhaitent plus d'échanges. Cela fait partie du travail que nous faisons à l'Assemblée nationale.

Sur le même sujet, nous avons récemment voté, avec le MoDem, un amendement excluant l'huile de palme de la liste des biocarburants. Il nous faut poursuivre l'engagement sur la transition écologique.

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