Quel a été votre parcours ?
J'aime me présenter comme un pigeon voyageur, puisque j'ai grandi en Afrique avant de devenir hôtesse de l'air à Air France. Quant à mon engagement politique, il est bien ancré dans mon histoire personnelle, ce qui m'a toujours permis de garder les pieds sur terre. Je suis une gaulliste convaincue et j'ai décidé de m'engager après la victoire de François Mitterrand en 1981. J'ai été conseillère municipale d'Arville à partir de 1995 et j'ai été élue maire en 2001. La volonté de mettre mon dynamisme au service de mes concitoyens n'a jamais faibli et se trouve même renforcée par la période troublée que nous traversons actuellement.
Pourquoi avez-vous souhaité devenir présidente du CDG 77 ?
J'étais vice-présidence de cette belle institution depuis 2014 et quand, l'année dernière, Daniel Leroy m'a proposé de lui succéder, j'ai accepté avec enthousiasme. Le Centre de gestion est un établissement public d'expertise sur lequel les collectivités doivent pouvoir se reposer pour obtenir des conseils juridiques de qualité et un soutien sans faille dans tous les domaines se rapportant aux ressources humaines. Il s'agit d'un enjeu de taille pour la Seine-et-Marne et je compte le relever en adaptant sans cesse l'offre de services aux besoins de nos affiliés.
Comment concevez-vous votre nouvelle fonction ?
Je souhaite accompagner et promouvoir le développement de notre institution dans la bienveillance et l'écoute. Dans le contexte de la réforme territoriale engagée par la loi de transformation de la fonction publique d'août 2019, c'est une responsabilité que je compte assumer. Un tel challenge représente une forme d'émulation pour une équipe. J'ai donc décidé immédiatement de m'entourer de vice-présidents dynamiques et fins connaisseurs des enjeux locaux. Je pense notamment à Jacques Heestermans (adjoint au maire de Cesson), Jocelyne Kulpa-Bettencourt (adjointe au maire de Mauperthuis), Mathieu Viskovic (vice-président de la communauté d'agglomération Paris-Vallée de la Marne et maire de Noisiel) et à Gérard Chomont (maire de Crégy-lès-Meaux).
Quelles vont être vos priorités durant votre mandat ?
Le Centre de gestion doit assumer pleinement son rôle de support et d'expertise vis-à-vis des collectivités et des établissements publics, afin de faire face à l'évolution des normes juridiques. Cela doit passer par l'instauration de relations fortes avec les administrations et les élus locaux et nationaux, la recherche de solutions d'accompagnement aux collectivités et le développement de partenariats. J'ai à cœur de mettre au centre de mon action un des grands principes régissant le service public, à savoir l'adaptabilité. La loi de transformation de la fonction publique a remis à l'honneur cette notion, notamment par l'utilisation facilitée du contrat comme outil de recrutement et d'ajustement des effectifs et des compétences.
Avec Julie Fabrizi et Bruno Dalles, vous avez recruté des experts dans leurs domaines respectifs. Pour quelles raisons ?
Effectivement, j'ai souhaité collaborer avec des juristes de haut niveau, afin d'offrir le meilleur service à nos affiliés. Julie Fabrizi est avocate et Bruno Dalles est un magistrat, spécialiste de la fraude fiscale et du blanchiment. Il a notamment dirigé l'organisme Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins). Ce recrutement de qualité va permettre de développer les fonctions du référent déontologue, éthique et laïcité. Je vais également m'appuyer sur ces professionnels pour mettre en place le dispositif de signalement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel et des agissements sexistes qui peut être confié au Centre de gestion. Une importante collectivité nous a d'ailleurs déjà sollicités pour nous déléguer cette mission.
Il existe une forte relation avec les maires. Comment la définissez-vous ?
Les maires sont les élus de terrain par excellence et notre institution doit les servir. Elle est là pour soulager les communes en mettant à leur disposition une expertise à la pointe de l'actualité. Par conséquent, nous tirons notre légitimité des maires et de notre capacité à répondre à leurs attentes avec efficacité et pragmatisme. Le message que je souhaite faire passer auprès d'eux est celui d'une volonté d'ouverture et de communication entre nos services et les leurs. Je suis à leur écoute.
Comment comptez-vous moderniser l'image de votre institution ?
À l'heure du numérique, cette modernisation passera nécessairement par une refonte de notre site internet, afin de le rendre plus accessible et faciliter son utilisation par les collectivités. Une nouvelle chartre graphique, conçue par notre nouveau directeur du service informatique et numérique, est également en cours d'élaboration. Elle va permettre de rendre le Centre de gestion immédiatement identifiable.
Quelles conséquences la réforme territoriale peut-elle avoir ?
Elle va impacter de façon majeure la gestion des ressources humaines dans le secteur public. Pour répondre à ces nouvelles contraintes, nous allons devoir accompagner les collectivités territoriales au quotidien. L'évolution des normes réglementaires et les nouveaux enjeux en matière de management vont nous amener à promouvoir une politique novatrice en la matière.
Comment vivez-vous la crise sanitaire actuelle ?
Elle a accéléré le développement du télétravail et fait évoluer les postures managériales. Dans ce renouveau fonctionnel, il semble ainsi logique de repenser l'autonomie des agents et l'accompagnement des managers en renforçant les outils de dialogue social et en simplifiant le cadre de gestion des ressources humaines. Je souhaite renforcer l'égalité professionnelle et faciliter les recrutements par l'utilisation du contrat.
Cela fait quoi d'être la première femme présidente d'un tel organisme en Île-de-France ?
J'en suis très fière ! L'égalité hommes femmes, qui constitue un des grands enjeux de la loi de transformation de la fonction publique, me tient particulièrement à cœur. J'ai d'ailleurs tenu à montrer l'exemple, car la composition de mon bureau respecte la parité.