C'est à Pantin, et plus précisément à la Cité Fertile, que ce premier rendez-vous estival dédié à l'avenir des centres-villes a posé ses valises. Remerciant Philippe Laurent pour son choix, Mathieu Monot, premier adjoint de la commune, a assuré que la Cité Fertile était justement l'un des meilleurs exemples de ce qu'est un centre-ville en mouvement. « Ici, nous avons montré qu'il est possible de passer de rien à presque tout. Oui, tout n'est pas parfait, mais personne n'aurait pu penser auparavant que Pantin devienne la capitale des tiers-lieux. Ici, des centaines d'initiateurs de tiers-lieux sont formés pour ensuite participer à la transformation de vos centres-villes ».
Cabane à méditation, agriculture urbaine, bières brassées devant le consommateur, terrains de beach-volley et de pétanque, conférence autour de la ville de demain… L'ancienne gare de fret de Pantin a en effet été confiée par la SCNF à la société Sinny & Ooko pour créer, durant trois ans, un lieu de détente et de loisir où l'on puisse penser la ville de demain et accueillir des porteurs de projet au sein des anciens guichets de la SCNF. Avec l'objectif, en parallèle, d'échanger et d'apprendre de l'expérience en création de tiers-lieux de l'équipe ayant conçu la Cité Fertile.
Pour rappel, après 10 ans de négociation avec la SNCF, la Ville de Pantin a pu récemment acquérir, via l'Établissement public foncier d'Île-de-France, les 16 hectares qui formeront à terme le cœur de l'écoquartier de la gare, permettant notamment de désenclaver le quartier des Quatre-Chemin et de créer 1 500 logements (dont un tiers de logements sociaux), 120 000 m2 de bureaux, 6 500 m2 de commerces, un parc urbain de 2,5 hectares, un collège… « Ici, nous voulons faire la démonstration que l'excellence peut se faire dans un quartier populaire. C'est aussi parce que nous sommes épaulés, soutenus par des entreprises », a assuré le conseiller départemental de la Seine-Saint-Denis.
« Ici, il y aura un nouveau centre-ville, car Pantin n'a pas de centre-ville à proprement parler, mais plusieurs pôles commerciaux que nous nous attachons à revitaliser », a-t-il poursuivi, expliquant qu'il s'agissait d'offrir aux habitants une certaine diversité commerciale.
Un Gouvernement
Philippe Laurent, président de Centres-Villes en Mouvement, a souhaité d'emblée remercier Alain Griset pour son soutien, entamé depuis la création de l'association composée d'élus et de parlementaires. « Je veux aussi rendre hommage à l'action que tu mènes avec le Gouvernement, qui a été le premier à avoir entièrement compris la problématique des centres-villes », a-t-il poursuivi, citant les programmes Action Cœur de Ville et Petite Ville de demain. « Ces dispositifs ont l'avantage de prendre en compte la globalité des projets, au lieu d'agir tuyau par tuyau, comme on malheureusement l'habitude de faire dans notre pays », a-t-il estimé.
« Dans ma petite ville, les habitants ont redécouvert l'existence du centre-ville, des commerces de proximité et ont consommé local, notamment du fait du télétravail. J'ai donc eu la chance de ne pas subir de conséquences trop importantes de cette période : les commerces alimentaires ont bien fonctionné, permettant aux autres de se maintenir. On voit là cette capacité de résilience que peut avoir un centre-ville, dès lors qu'il y a suffisamment de diversité commerciale en son sein et des lieux de culture, d'animation, des cafés, des terrasses. Cela fait partie de notre culture, c'est une marque de la civilisation européenne, c'est pour cela qu'il faut le préserver ».
D'autant que selon le 5e “Baromètre du centre-ville et des commerces“ commandé spécialement pour l'événement, neuf Français sur 10 considèrent que faire ses achats en ville est un acte citoyen. Cette étude a également montré l'attachement des jeunes pour l'animation de ces cœurs de villes, pour leur rôle social.
La Métropole relance son dispositif de soutien
Pour Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris, « Philippe Laurent a lancé un mouvement continu, dans lequel nous nous inscrivons pour lancer des initiatives efficaces et afin de sauver nos centres-villes ». En effet, sur les 131 villes que compte le territoire métropolitain, 70 ont des centres-villes en difficulté et 40 d'entre eux « sont en situation très délicate et ont besoin d'actions pour les rendre à nouveaux attractifs ». C'est pourquoi la MGP s'est engagée pour la deuxième édition de “Centres-Villes Vivants“, qui vise à accompagner les communes métropolitaines volontaires. Lors de la première mouture, les 26 villes lauréates s'étaient vues attribuer une subvention de 8,5 millions d'euros, dans le cadre du Fonds d'intervention métropolitain de soutien au commerce. Le montant a été cette fois-ci doublé, pour atteindre 15 millions d'euros.
Mais les nouveautés ne s'arrêtent pas là. Patrick Ollier a annoncé la création, à l'automne prochain, d'une foncière immobilière avec la Banque des Territoires. Elle permettra à la MGP d'acquérir des baux commerciaux à la place des communes. « Nous nous chargerons de les gérer, ou de les revendre, en accord avec les mairies, pour mettre en place des commerces utile à la proximité, à la vie commerçantes », a expliqué le maire de Rueil-Malmaison, précisant qu'il s'agissait d'une démarche globale et multi-partenariale.
« C'est une grande aventure, nous sommes décidés à la mener à son terme. Une ville sans commerce, c'est une ville qui meurt, parce ce que le cœur est au corps, le centre-ville l'est à la commune. Il faut que le centre-ville soit attractif pour que les habitants aient envie de s'y déplacer, de le faire vivre », a conclu Patrick Ollier, précisant qu'avec cette foncière il n'était pas question de remplacer les commerces, mais de les renforcer et en complémentarité de lancer d'autres activités ».
L'engouement des Français pour leur cœur de ville
Saluant l'action de Centres-Villes en Mouvement, qui a « fortement participé à l'évolution des comportements des municipalités », Alain Griset, ministre délégué aux PME, a dit son « bonheur » de pouvoir échanger physiquement sur les stands avec les professionnels. « Alors que nous sortons de 16 mois de crise sanitaire particulièrement éprouvants pour l'économie et le pays, le constat est là, elle a tenu bon et nous pouvons collectivement en être fiers », a-t-il poursuivi, soulignant le faible nombre de défaillances d'entreprise.
« Le baromètre a révélé un engouement incontestable et très encourageants des Français pour leur cœur de ville et leurs commerces. Ils sont moins enclins à consommer à la périphérie et d'avantage attirés par le cœur de ville, des lieux plus accueillants, mieux desservis, animés et conviviaux. Prenons en acte et disons “chiche“, pour transformer ces déclarations d'amour pour les centres villes en un mouvement de fond qu'il faut naturellement accompagner, encourager, organiser, afin d'éviter un effet de balancier inverse dans quelque années », a-t-il déclamé, saluant au passage la présence d'un marché de plein air « véritable poumon et locomotive du cœur de ville », et toutes les initiatives des entreprises présentes en matière de transition écologique et numérique. « Le Gouvernement accompagnera les entrepreneurs sur ces sujets, saisissez-vous des financements ouverts dans le cadre du plan de relance », a-t-il conseillé.
A l'instar de Philippe Laurent, Alain Griset est également convaincu qu'il y a dans la manière dans nous faisons commerce une « dimension éminemment culturelle » qu'il convient de préserver. D'où sa volonté d'organiser à la rentrée, sous l'autorité du président de la République, une séquence débats sur les évolutions du commerce dans le pays, afin de dégager une politique de long terme. Pour lui, « la vente en ligne doit être pensée en complémentarité avec le commerce physique, comme un relai de croissance incontournable », mais il n'est toutefois pas envisageable de remplacer le commerce physique, qui est « indispensable à la vie quotidienne des habitants et au fait que la ville est un endroit de vie et de sociabilité ». Les financements publics allant probablement diminuer, Alain Griset a invité les maires et les entreprises à « réfléchir et à penser différemment l'acte marchand pout les habitants de leurs communes ».