AccueilActualitéGrand témoin« Grand Paris Sud ne doit pas devenir le “back office” du Grand Paris »

« Grand Paris Sud ne doit pas devenir le “back office” du Grand Paris »

Olivier Faure est le député de la 11e circonscription de Seine-et-Marne. Depuis le 7 avril dernier, au terme du congrès d'Aubervilliers, il est aussi Premier secrétaire du Parti socialiste. Il porte un regard bienveillant sur sa circonscription pour laquelle il se bat au quotidien sur tous les grands dossiers : économie, transports, santé, culture...
« Grand Paris Sud ne doit pas devenir le “back office” du Grand Paris »
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Vous qui avez vécu et étudié à Orléans, mais aussi étudié à Paris, qu'est-ce qui vous a attiré en Seine-et-Marne où vous avez été candidat pour la première fois en 2007 ?

Comme beaucoup de Français, à un moment de ma vie, j'ai souhaité acheter un logement. J'ai regardé où je pouvais devenir propriétaire. J'ai acheté à Noisiel, puis à Savigny-le-Temple. C'est ainsi que je suis devenu Seine-et-Marnais, il y a maintenant 16 ans.

Un mot sur votre circonscription, la 11e de Seine-et-Marne ?

C'est une circonscription que je connaissais depuis longtemps. Quand il y a eu le redécoupage opéré par Alain Marleix (sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, NDLR) nous, socialistes, avons choisi, de nous répartir sur le territoire et de couvrir l'ensemble des circonscriptions. À ce moment-là, je suis arrivé sur Sénart. Même si je connaissais déjà le territoire, j'ai eu le coup de foudre. J'ai une passion pour cette circonscription, ses habitants, pour le mode de vie et la façon dont y sont investis les élus et les associations. Ces dernières font beaucoup en termes de qualité de vie, de lien social, d'animation du territoire, de services…

Néanmoins, cette circonscription ne se limite pas à un paysage, des logements et des emplois. Elle est d'abord le fruit d'habitants qui s'investissent pour faire vivre ce territoire qui n'existait pas sous cette forme il y a 40 ans. Qu'il s'agisse d'acteurs dans le domaine de la culture, du sport, de la solidarité, il y a ici matière à enseignement pour beaucoup de monde.

Par rapport aux autres départements d'Île-de-France, comment situez-vous la Seine-et-Marne en termes d'économie, d'emploi ou encore de logement ?

C'est le plus beau département d'Île-de-France, forcément ! C'est un territoire immense, qui présente des situations très différentes. Entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest, les zones urbaines et très denses et les secteurs plus ruraux du département, il y a des réalités qui distinguent très largement un canton d'un autre. Il est ainsi très difficile de parler de la Seine-et-Marne de manière globale. Ce qui distingue aussi ce département des autres, c'est sa réserve foncière et sa qualité de vie, bénéficiant par ailleurs de la proximité avec la capitale. C'est un département, qui selon les endroits, est quasiment en petite couronne – c'est le cas de Marne la Vallée –, ou presque en province du côté de Provins.

La Seine-et-Marne est un vaste territoire qui oblige à avoir une approche différente pour chacun des secteurs qui n'ont ni les mêmes exigences ni les mêmes besoins. Cela en fait un département très difficile à appréhender.

Vous avez été dirigeant d'une PME dans le secteur de la haute-technologie. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?

Ce fut une formidable expérience qui me sert encore aujourd'hui, parce que j'ai beaucoup appris. À la fois à travers les joies suscitées et la constante nécessité d'être sur le pont, car rien ne tient du hasard. Il faut se battre chaque jour pour conforter le chiffre d'affaires et assurer les salaires des collaborateurs. C'est une formidable bataille pour l'emploi. C'est une entreprise qui a commencé avec 17 salariés et en comptait près de 200 à mon départ.

Ce challenge permanent m'a appris à la fois à raisonner en termes d'objectifs, de résultats et de management d'équipe. Gérer une équipe est beaucoup plus complexe que se gérer soi-même. Cela m'a été précieux tout au long de mon parcours, y compris dans le monde politique. Si je suis aujourd'hui Premier secrétaire du Parti Socialiste, c'est vraisemblablement parce que dans toutes les fonctions que j'ai occupées au sein de ce parti, la dimension managériale a été bien vécue. Le PS, souvent présenté comme un parti convalescent, voire même, pour certains, agonisant, s'est choisi celui qui leur semblait le plus apte à faire vivre un collectif, sans ego surdimensionné.

En tant qu'élu seine-et-marnais, quelle est votre vision du Grand Paris ? Et de son impact sur la Seine-et-Marne ?

Je comprends que la capitale cherche à élargir son périmètre et son attractivité dans la compétition à laquelle se livrent les “capitales monde”. Cela pose un autre défi pour les départements de la grande couronne comme le nôtre : ne pas être mis à la marge de l'attraction de ce nouvel ensemble. C'est la raison pour laquelle dans la législature précédente, la loi a prévu, dans la zone urbaine de Paris – dont Sénart fait partie –, l'occasion de regrouper les communes dans des agglomérations de taille suffisante. L'enjeu, avec le Grand Paris Sud, est qu'à travers notre taille, nos atouts et l'addition de nos savoir-faire, nous puissions être en mesure de ne pas simplement être le “back office” ou l'appendice de Paris et du Grand Paris. Nous ne pouvons rester à la périphérie, mais constituer un autre cœur ; un lieu qui ne soit pas simplement la résultante d'un ensemble plus vaste. C'est le défi qui est devant nous, en partie relevé, et qui exige une attention permanente. C'est la raison pour laquelle je me bats depuis maintenant six ans pour qu'ici, les services publics ne désertent pas, pour qu'en matière de santé, de scolarité, de police et de justice nous bénéficions des droits et de la qualité de service des autres territoires. Même chose en termes de culture. Nous ne pouvons pas non plus constituer “l'après-périphérique”. Nous ne pouvons pas non plus être considérés comme ceux qui habitent dans des “villes dortoirs”. C'est la raison pour laquelle je lutte également pour conforter l'emploi sur le territoire seine-et-marnais. Tous ces combats sont exigeants, mais il faut les mener.

Quels sont les projets que vous avez pu porter et que vous allez porter pour cette circonscription depuis votre réélection il y a un an ?

J'ai d'abord porté la reconstruction de l'hôpital Marc Jacquet, à Melun. C'est maintenant un pôle de santé de grande qualité qui sera bientôt inauguré. Cela a été un combat difficile. Je suis très fier d'avoir contribué très largement à ce que le projet puisse être mis en œuvre. Il y a maintenant le problème de la reprise de la clinique Saint-Jean, qui est tout aussi complexe. J'ai également œuvré pour la tarification unique du Pass Navigo. Je me suis battu pour que les habitants de la grande couronne ne supportent pas la double peine, c'est-à-dire habiter plus loin et payer plus cher. Désormais le tarif de leur Pass Navigo est le même que ceux qui vivent dans Paris intra-muros. Cela a permis un gain de pouvoir d'achat de 500 euros par an. Je me suis, par ailleurs, battu pour les trains semi-directs qui, en 2019, devraient relayer plus rapidement Sénart à la Gare de Lyon, aux heures de pointe. L'accessibilité des gares est également l'un de mes combats actuels. Toutes celles de la circonscription sont concernées. Les travaux commenceront à la fin 2018.

Mon action a également porté sur la culture, notamment à travers les moyens de financement du théâtre de Sénart ; une scène nationale qui nous fait honneur et qui contribue à l'attractivité de notre territoire.

La santé me préoccupe également. Je lutte pour que les déserts médicaux ne soient bientôt qu'un mauvais souvenir. Ce n'est pas simple… Je suis aujourd'hui dans la minorité et non plus dans la majorité. C'est un combat que je mène avec les maires dans la circonscription. J'aimerais que la loi puisse changer, conditionnant le conventionnement des médecins à leur installation dans les zones qui ne sont pas déjà sur-dotées.

Je me bats aussi pour que les dotations d'Etat aux collectivités locales soient maintenues, ce qui n'est pas le cas. Je souhaite qu'on ne les “étrangle” pas. Elles sont déjà le dernier maillon sur lequel on peut compter en termes de solidarité et de développement de l'activité. Les collectivités locales sont des éléments essentiels de la chaîne républicaine. Je ne voudrais pas qu'elles fassent les frais d'une politique mal conduite.

Comment voyez-vous le développement de la Seine-et-Marne dans les années à venir ?

Cela va dépendre beaucoup des agglomérations et de leur dynamisme. Chacune d'entre elles doit se bâtir une identité pour devenir un pôle d'activité et permettre de trouver de nouveaux leviers à leur développement.

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